Le parc dit d'attraction de Béjaïa est-il condamné à ne pas se faire sa vocation ? Ouvert au public voilà déjà deux décennies, pour tirer profit du lac Mezzaïa où vivotent quelques espèces d'oiseaux lacustres, le parc a vu, en l'absence d'un statut définissant ses attributs, proliférer une pléthore de commerces qui dans leur majorité n'avaient rien à voir avec l'activité foraine qui est le propre de tels lieux. Pourtant, une amorce de normalisation prenait forme avec la mise sur pied en 1993 d'un organisme chargé de sa gestion autant sur le plan matériel que sur le plan de la réglementation. L'Etablissement communal du parc des loisirs (ECPL), pour le nommer, avait pour ainsi dire procédé à la confection d'une convention de location (première décision avant d'aller plus loin) au bénéfice des exploitants. Mais, au demeurant, il n'était pas dit que cet organisme allait survivre jusqu'à ce qu'il y ait clarification de la situation juridique du parc, condition pour redéfinir les activités autorisées. L'ECPL disparaît en 1997 conséquemment à l'abandon de la gestion des lieux par l'APC de Béjaïa. En 2004, dans le sillage de l'opération des démolitions entreprises conjointement par la wilaya et les services de l'APC, les élus communaux allaient s'engager, selon les déclarations du P/APC de l'époque, sur un transfert de propriété de la part des Domaines. Persuadé qu'une telle acquisition était irréversible du moment que le parc en lui-même, tel qu'on veut l'appeler, existe bel et bien, le P/APC avait alors annoncé qu'un véritable parc des loisirs serait livré aux familles bougiotes dans les mois suivants (4 à 5 précisait-il). La municipalité avait fait suivre concrètement ses intentions par le vote en 2005 d'une enveloppe de 40 millions de dinars pour l'aménagement et l'installation d'attractions. Le projet devait même faire l'objet d'un concours national d'architecture et l'assemblée avait retenu l'option de la concession des manèges à un seul opérateur. L'exigence allait aussi être signifiée pour les exploitants encore en place de se conformer à la nouvelle nomenclature des activités arrêtées. Mais ne voilà-t-il pas que toute cette débauche d'énergie, pour plancher sur les détails, ne vole tout en éclats. La dissolution des assemblées locales intervenant dans le même temps en Kabylie, le projet est envoyé aux oubliettes. Le parc garde son nouvel air morbide. Ne serait-ce les snacks, pizzerias et surtout l'aquamusée ouvert par le Parc national du Gouraya, l'endroit n'attirerait plus personne, en tout cas pas les enfants. Les propriétaires des commerces démolis organisés en association entre-temps ne désespèrent pas de leur côté de reprendre place en la demeure. Surtout que la nouvelle orientation qu'on voulait donner au parc tardait à voir le jour. Et ce n'est pas pour demain. La nouvelle assemblée se disant « bloquée par l'absence d'un statut juridique » vote carrément en 2006 la désaffectation de la part budgétaire, votée par la précédente assemblée, pour l'aménagement du parc. Mais, nous a-t-on fait savoir, celle-ci « n'abandonne pas pour autant le projet ». Il aurait été question seulement de régler d'abord le problème de toutes les assiettes de terrain de la commune. Lors de la première assemblée tenue, il était convenu de déléguer une commission composée d'élus, auprès des Domaines. Mais seulement, on croit savoir, la démarche aurait été abandonnée. En fin de compte, un parc des loisirs pour les Bougiotes, faut-il y croire encore ?