L'imposante structure abritant l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) n'en finit pas de s'avachir. Ceux qui ont l'habitude de transiter par là seront pris au dépourvu : la partie comprenant les colonnes de la Maison du peuple a été cloisonnée. Pis encore, l'entrée donnant sur l'Apc de Sidi M'hamed a été obstruée par des barreaux qui courent tout le long de la structure. Les personnes sont priées de rebrousser chemin ou de faire le tour de l'ex-Foyer civique. Avant que les syndicalistes ne s'installent dans les locaux de la Maison du peuple, celle-ci abritait plusieurs structures. L'on croit savoir ainsi qu'aux premier et deuxième étages se trouvaient, réunis, un conservatoire de musique et une salle d'audition. La terrasse était consacrée à la culture physique. Des ensembles décoratifs réalisés par des élèves de l'Ecole des beaux-arts d'Alger ornaient l'intérieur de la structure. Deux bas-reliefs ornent le haut de la structure. Ils sont l'œuvre de sculpteurs de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, Breguet et Paul Belmondo, père de l'acteur Jean-Paul. L'Etat leur a passé commande dans le cadre de la fête du Centenaire de la présence française. Paul Belmondo a utilisé dans son œuvre, marquée par l'influence du courant néo-classique, des lignes épurées et simples que l'on retrouve dans les deux sculptures. Il a reçu le Grand prix artistique de l'Afrique du Nord et le prix Blumenthal en 1926, ainsi que le Grand prix artistique de l'Algérie en 1932. Certains riverains diront, mi-taquin mi-sérieux, que les « affidés » du parti dissous faisaient tomber, lors des rassemblements, un voile sur ces deux sculptures « idolâtriques ». Rien de ce qui faisait le rayonnement de cette structure, construite par Léon Claro, ancien élève de l'Ecole des beaux-arts d'Alger et concepteur de l'imposante villa du centenaire à Bab Djedid. Des ouvertures, installées en dehors de la structure et destinées à recevoir des arbres, sont laissées ainsi à l'abandon. Un danger guette les piétons. L'APC de Sidi M'hamed, mitoyenne de la centrale a, pour sa part, ses bureaux dans la structure : le service bâtiment et celui qui se charge des routes. Des équipements sont entreposés à l'intérieur des locaux situés de part et d'autre de la centrale. Des travailleurs s'affairent d'ailleurs à retaper des pupitres des écoles de la commune et autres vieux meubles. Des salles dédiées aux arts martiaux et à l'aérobic se trouvent dans la partie nord de la structure. L'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), qui s'est arrogée un grand espace, occupe également les lieux. M. Guettiou, secrétaire général de la kasma de Sidi M'hamed, dira que l'ONM occupe les lieux depuis 1963, « à côté de la défunte Action sociale de l'APC ». Le secrétaire général regrettera la situation actuelle de la structure. Evasif, le chargé de la communication de l'UGTA, Aït Ali Rachid, assure que le réaménagement effectué s'explique par « des raisons de sécurité ». Les deux étages qui donnent sur les parties couvertes doivent être ainsi protégés. D'autres raisons semblent expliquer l'acte pour le moins ubuesque de l'UGTA : d'autres fédérations, résultant de l'éclatement de celles existantes, 18 en tout, prendront place dans les nouveaux espaces aménagés à l'occasion. En réponse à cela, quelques syndicalistes qui occupent les lieux assurent que ceux qui sont en charge de la structure ne s'occupent pas assez de leurs bureaux. Les syndicalistes de la Fédération des sports, dont le local est exigu, disent être lésés à l'opposé de la Fédération du secteur du cuir et du textile. Celle-ci occupe le plus grand espace « malgré sa perte de vitesse ». La centrale essuie aussi des critiques de la part de ceux qui viennent réclamer l'intervention du patron de l'UGTA, Sidi Saïd, en organisant des rassemblements et des grèves de la faim. « Le parvis de la centrale ne sera plus accessible à tout le monde », susurre-t-on. Aussi, le problème du foyer des travailleurs, inauguré par feu Benhamouda, est soulevé par les syndicalistes. Ce foyer a fermé ses portes depuis longtemps. Face aux déboires du procès Khalifa, les patrons de l'UGTA, à leur tête Sidi Saïd, semblent être dans de beaux draps.