Durant trois jours, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Seybouse Annaba s'est transformée en temple du partenariat, des échanges et même de la finance. Sa grande salle a abrité des rencontres-débats entre opérateurs économiques français et algériens. Neuf présidents directeurs généraux de sociétés françaises dans la petite et moyenne industrie y avaient planté leur chapiteau pour la transformer en minifoire où se discutaient et se négociaient, avec en arrière-fond l'ombre de la mondialisation, des opportunités de contrats de partenariat, vente et achat. Les big boss français et leurs homologues algériens étaient à la recherche de parts de marché supplémentaires ou de renforcement de leurs fonds propres de part et d'autre de la Méditerranée. Dans leurs bagages, ils avaient ramené des informations sur des contrats d'investissements d'opérateurs économiques indiens, italiens, espagnols, tunisiens, canadiens, irakiens, palestiniens... qui envisagent d'implanter leurs activités dans les régions de Annaba, El Tarf et Guelma. Ce qui expliquerait certainement le déplacement en force des grosses cylindrées de l'industrie dunkerquoise pour discuter avec les Algériens des perspectives d'échanges commerciaux et de partenariat entre des régions des deux pays. Organisée à l'initiative du consul général de France à Annaba, cette rencontre a permis aux uns et aux autres interlocuteurs d'évacuer leur tendance au commerce bazar. Des déclarations d'intention d'investissement, de partenariat et d'échanges commerciaux ont été échangées entre les deux parties. Notamment du côté des opérateurs dunkerquois qui ont souligné la nécessité de matérialiser dans les faits le rapprochement entre les deux régions. C'est dire qu'après avoir songé à liquider leurs stocks, les membres de la délégation française ont finalement compris qu'il valait mieux changer de cap pour tirer le maximum de leur visite de travail à Annaba. D'un côté comme de l'autre, on a discuté des possibilités de cession à des prix intéressants des actions de sociétés, de délocalisation, de transfert de technologie, d'engineering... Les Algériens semblaient beaucoup plus intéressés par un afflux d'euros, signe fort de leurs partenaires français à s'engager sérieusement sur le marché algérien. « C'est ma deuxième visite à Annaba et ma troisième en Algérie. Nous avons fait énormément de progrès dans le rapprochement économique de nos pays. Certes, on dira que rien de concret n'est encore intervenu, mais ça ne saurait tarder. On nous dit toujours que les Français sont très en retard en Algérie, nous répondons que les bonnes et durables opérations mettent toujours du temps à mûrir », a argumenté M. Jo Dairin, président de la Chambre de commerce et d'industrie et président du conseil d'administration du port autonome de Dunkerque. Cependant, force est de dire que cette nouvelle opération de charme des hommes d'affaires dunkerquois à Annaba leur a permis de constater que leurs homologues algériens ne sont plus de bons acheteurs, mais de bons vendeurs, qu'il est grand temps de penser Algérie autrement qu'avec un esprit de bazar.