Des 8291 agriculteurs inscrits dans les registres de la chambre d'agriculture exploitant de fermes pilotes, structures d'appui et d'exploitations agricoles dans les 2 secteurs public et privé, plusieurs centaines ont été touchées par des sinistres ces dernières années. Plus de 700 viennent de bénéficier d'une indemnisation. Globalement, elle représente 34 millions de dinars. Dans le même temps, des petits agriculteurs (coopératives de jeunes, concessions, melk…) ont à peine les moyens de perpétuer leurs conditions de vie et de production. D'autres ne disposent pas toujours d'une production vivrière suffisante. Leur revenu est insignifiant. Cette pauvreté est visible dans les communes à vocation agro-pastorale, particulièrement celles enclavées. Elle est aggravée par la pénurie des moyens dans le domaine de la santé, de l'éducation et des services. Dans ces zones, les équipements publics et les services sont inégalement répartis au profit des villes et des couches sociales aisées. L'exode rural et le chômage urbain sont la rançon de ce développement inégal. D'où le scepticisme des exploitants et petits agriculteurs à l'annonce de cette indemnisation. Scepticisme aussi en ce qui concerne l'octroi à 200 agriculteurs d'une aide supplémentaire de l'Etat pour l'acquisition de produits ou équipements agricoles de production. A cette situation s'ajoute l'absence de soutien des structures d'appui comme l'Institut technique des cultures maraîchères et industrielles, les assurances et les banques agricoles. Elle est pour beaucoup dans l'épuisement et la dégradation des ressources naturelles, le recul des cultures vivrières, l'appauvrissement des populations agricoles et le développement inégal. Conséquences : sur les 12 communes de la wilaya, neuf (Chetaïbi, Berrahal, Tréat, Oued El Aneb, El Eulma, Chorfa, Aïn Berda, El Hadjar et Seraïdi) sont atteints de pauvreté et leurs populations marginalisées. S'ensuivirent, ces dernières années, l'exode rural et la constitution de zones suburbaines peuplées de marginaux sous-employés dans la périphérie de Annaba, El Bouni et Sidi Amar. Ces deux phénomènes ou bouleversements sociaux ne sont pas actuellement pris en charge, y compris dans le domaine de l'assistance sociale qu'ils exigent. Avec la mise en jachère de plusieurs hectares de terre traditionnellement destinés à la culture de la tomate industrielle, le semblant de structuration du milieu rural, dont on parle souvent, s'effrite. La relance au stade embryonnaire de la culture du tabac et du coton est une bien maigre consolation vu qu'il s'agit d'actions localisées. La visite de travail et d'inspection, effectuée en début d'année par le wali, a montré que ce secteur a atteint la limite de la désorganisation. Certes, l'on dira que les marchés locaux regorgent de fruits et légumes, mais à quel prix puisque ce sont des productions extérieures à la wilaya ou d'importation. Bon nombre d'agriculteurs, de transformateurs agroalimentaires et de jeunes créateurs de microentreprises agricoles sont confrontés à d'innombrables difficultés pour bénéficier d'un crédit bancaire. Quant aux 4000 hectares censés avoir été mis en valeur à lac Fezzara, la wilaya de Annaba n'a toujours rien récolté.