Paradoxale situation d'une ferme publique qui n'arrive même pas à atteindre le minimum de production (2 quintaux à l'hectare) alors qu'elle s'étale sur des centaines d'hectares de terres fertiles. Le slogan « vous nous avez trahis ! » qui ornait cycliquement des banderoles de part et d'autre de la route nationale 23, à mi chemin entre Sougueur et Tiaret, pour décrire la situation des 33 travailleurs de la ferme « Cherif Eddine » qui n'avaient pas touché leurs salaires quarante mois durant, semble se retourner contre ceux qui avaient initié le mouvement de protestation. Le slogan mis en exergue par les manifestants dans chacune de leur sortie sur la route est en train de se muer en un « vous nous avez dupés avec vos intrigues ». Comment ? Pour M.Abdelkader Mouici, directeur des services agricoles, « Le contexte fut certes difficile mais entouré d'opacité dans la gestion de cette entité étatique qui s'étend sur 1 300 ha que s'accaparent, par des moyens déloyaux, ces travailleurs issus pour la plupart de trois grandes familles ». Néanmoins, et pour tourner une page sombre dans cette mainmise déguisée, « le problème a valu une inspection ministérielle, conduite par M.Hamdani, S/directeur au ministère de l'Agriculture et responsable des fermes pilotes, pour envisager des solutions de sortie de crise ». Pour tout dire, la mission d'audit qui concluait à une situation de quasi faillite a amené les responsables concernés à faire le point avec les concernés. Une reprise en main des affaires par la tutelle qui indique clairement une refondation totale de cette structure qui dispose pourtant d'atouts non négligeables, fait savoir notre interlocuteur qui parle du « lancement d'un avis d'appel à manifestation nationale et internationale pour la gestion en partenariat de cette ferme ». Cession Bien située en bordure d'un axe routier important (la RN-23), disposant de l'eau, de matériels et d'importantes infrastructures, la ferme aurait dû valoir une gestion autrement meilleure. Selon M.mouci, « c'est sous le parrainage du ministère que cette reprise va être entamée ». En attendant, « des solutions sont envisagées pour affecter certains travailleurs dans d'autres fermes de la région, mettre à la retraite certains et aider d'autres dans le cadre du développement intégré ». Jusque-là gérée sous forme d'EPIC, la ferme, spécialisée dans la céréaliculture, la semence et l'élevage, a vu défiler 10 directeurs et l'omnipotence de travailleurs unis par des liens filiaux, ce qui n'a valu que déception et situation de faillite. Paradoxale situation d'une entité qui n'arrive pas à atteindre le minimum de production (2 quintaux à l'hectare) alors qu'elle s'étale sur des centaines d'hectares de terres fertiles. Plus grave encore, l'année agraire 2006/2007 a été déclarée année blanche de par les grèves répétitives. Jusque-là épongées, ses dettes s'accumulent et la situation doit changer, dit-on !