De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Les fortes pluies qui se sont abattues ces derniers mois sur Annaba augurent, selon les agriculteurs de la région, une bonne année si ces précipitations se renouvellent et sont réparties sur les périodes opportunes. Les cultures maraîchères, particulièrement la tomate industrielle, commencent à renaître après la crise qui a frappé le secteur ces dernières années qui ont vu la production réduite au minimum. En effet, en ce qui concerne ce fruit qui faisait la réputation de la plaine de Annaba, d'El Tarf et d'une partie de la wilaya de Guelma, l'importation abusive de la tomate en conserve avait inondé le marché et avait conduit à la disparition de toute une filière qui employait près de 100 000 personnes, emplois directs, indirects et saisonniers. Ne pouvant faire face à cette concurrence qualifiée d'illégale soutenue par des prix –«qui ne couvrent même pas les frais de production», selon les agriculteurs-, la douzaine de conserveries implantées dans la région avaient alors fermé les unes après les autres et les producteurs, ne trouvant plus à qui livrer leurs récoltes, avaient dû déverser des tonnes de tomates parfois sur la route nationale pour protester contre cette situation. La plupart des producteurs abandonnant la filière malgré la somme d'expérience accumulée pendant près de 20 ans s'étaient reconvertis dans les céréales ou dans d'autres cultures jugées plus sûres. Le contrat de performance signé par la Direction des services agricoles (DSA) et les pouvoirs publics est venu sauver et ressusciter toute une filière, y compris l'agroalimentaire qui gravitait autour. Les prévisions de production à atteindre étaient de l'ordre de 1 million de quintaux de tomate industrielle qu'il fallait réaliser dans les délais pour honorer ledit contrat. La DSA avait alors réuni la profession en vue de relancer la production tout en la dotant des moyens techniques à même de réaliser cet objectif. L'itinéraire technique, l'introduction de la semence hybride, l'irrigation et le niveau élevé des exploitants ont fait que la production de la tomate a enregistré un saut quantitatif et qualitatif. Ce qui avait permis en 2008 de dépasser les quotas fixés puisque plus de 1 million 100 000 quintaux de tomate avaient été produits. Les superficies réservées à la culture de la tomate industrielle s'étaient multipliées, passant d'1 millier d'hectares destinés essentiellement à la consommation de la tomate fraîche sont passées à 4 et 5 000 ha en l'espace de 2 ans. Ainsi, les plaines de Chorfa, El Eulma, El Hadjar et Aïn Berda, restées en jachère en grande partie pendant des années, ont été cultivées et les récoltes données étaient plus qu'appréciables puisque, par endroits, la production a atteint 90 à 100 q/ha, ce qui est déjà bon, selon les spécialistes, et on compte dépasser ce seuil pour atteindre les 130 quintaux à l'hectare. L'année 2010 sera encore meilleure de l'avis des agriculteurs impliqués dans la production de la tomate industrielle. «Avec le soutien apporté par les techniciens et les ingénieurs agronomes des subdivisions de la Direction des services agricoles, nous pourrons atteindre cette année 1,5 million de quintaux qui seront livrés à la transformation, nous déclare un producteur, pourvu qu'il n'y ait pas d'importation et de concurrence illégale, nous pourrons largement satisfaire le marché. Cela permettra à des milliers d'ouvriers agricoles d'avoir du travail et de contribuer au développement économique de toute la région de Annaba.» Selon un responsable de la Chambre d'agriculture de la wilaya, cette année il est prévu de consacrer plus de 5 000 ha à la production de la tomate industrielle ; les pépinières sont déjà opérationnelles et les plants seront mis en terre en mars prochain ; les travaux nécessaires seront encadrés par les techniciens et ingénieurs détachés par la DSA.