La tension caractérisant depuis des semaines les relations entre l'Algérie et le Maroc n'est pas de nature à entraver la lutte contre le terrorisme au Maghreb. C'est l'une des idées soutenues par le coordinateur du bureau du contre-terrorisme au département d'Etat, J. Cofer Black, lors d'une conférence de presse animée jeudi 14 octobre au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Mettant en avant ses 28 ans d'expérience acquis au sein de la direction des opérations spéciales de la CIA, le patron de la lutte antiterroriste aux Etats-Unis - qui séjourne en Algérie à l'occasion de la tenue de la 2e conférence intergouvernementale africaine sur la lutte contre le terrorisme - a indiqué que la situation politique actuelle du Maghreb ne prête pas à inquiétude, contrairement à d'autres régions du monde. Au plan de l'efficacité dans la lutte contre le terrorisme, M. Black, qui a eu également à occuper les fonctions de responsable national des services de renseignements pour la lutte contre le terrorisme, a reconnu la qualité exceptionnelle de l'expertise de l'Algérie et du Maroc. Deux pays avec lesquels les Etats-Unis bénéficient « d'excellentes relations » dans le domaine de la lutte antiterroriste. L'évocation des relations algéro-marocaines a permis à J. Cofer Black de rebondir et de faire une sorte de « mise au point planétaire » par rapport à ce qui s'écrit dans le monde, y compris dans son pays, sur l'état des rapports entre les Etats-Unis et la France. Des rapports présentés comme exécrables depuis le déclenchement de la seconde guerre du Golfe. Le patron américain de la lutte antiterroriste a ainsi expliqué que les deux pays, contrairement aux idées reçues, collaborent de manière très étroite dans ce domaine. « Les actions des hommes de terrain et tous ceux impliqués dans la lutte antiterroriste ne sont absolument pas influencées par ce genre de situation. Je dois vous dire que se sont des professionnels et qui font leur travail de façon consciencieuse et constante », a-t-il déclaré. Une manière d'inviter à mieux distinguer entre ce qui relève du discours des politiques et de la réalité du terrain. Un terroriste, une menace Qu'en est-il de la réalité de la lutte antiterroriste au Maghreb ? Le GSPC représente-t-il une grande menace pour la sécurité des Etats ? Dans ses réponses, l'ambassadeur Black (c'est aussi l'un de ses titres) n'a pas mâché ses mots : « Concernant le GSPC, mon opinion est que tant qu'il existera un seul activiste du GSPC, il constituera une menace. Il faut donc l'arrêter et l'empêcher d'agir », a-t-il mentionné. Et de préciser que le terrorisme ne peut avoir aucune justification. Un constat qui l'amènera à poser la nécessité de faire admettre le principe voulant que « lorsqu'une personne adulte a quelque chose à reprocher ou une revendication à faire, en tant que véritable adulte, il faut qu'il ait le courage de s'asseoir et de discuter ou de négocier ». « J'estime que la discussion et la négociation restent encore le meilleur moyen pour arriver à des solutions équitables (...) », a-t-il déclaré. M. Black s'est montré satisfait, en outre, des résultats du Plan Pan-Sahel, un programme financé par le département d'Etat de 7,75 millions de dollars destinés à développer les capacités des pays du Sahel (Niger, Tchad, Mali et Mauritanie) en matière de lutte contre le terrorisme. Compte tenu des progrès réalisés, le gouvernement américain n'écarte pas la possibilité de renforcer son assistance et ses aides données à ces pays, ajoutant que des enquêtes de financements plus importants ont été émises. Que sont devenues les demandes d'achat de matériels adaptés à la lutte antiterroriste formulées par l'Algérie au département d'Etat ? Faisant l'éloge de la qualité des moyens dont dispose son pays, M. Black répondra à la question en disant : « Nous sommes très heureux de recevoir des demandes du gouvernement algérien. C'est également avec beaucoup de plaisir et d'attention que nous les examinerons. » Au-delà de cette question de vente d'armes, le coordinateur de la lutte antiterroriste aux Etats-Unis s'est engagé à mobiliser des « fonds additionnels et une assistance » pour le Centre africain d'études et de recherches contre le terrorisme (CAERT), installé à Alger. « En ma qualité de coordinateur de la lutte antiterroriste, je me fais le champion et le défenseur de ce centre et je ferai en sorte à ce que la proposition d'aide soit acceptée par mon gouvernement », a-t-il déclaré. Il a trouvé, par ailleurs, normal que ce centre ait été installé en Algérie. Un pays « qui s'est familiarisé avec le fléau terroriste et qui a été aussi en mesure d'y faire face efficacement. Ceci a pu se faire grâce au courage et à la détermination de ses dirigeants. »