Il est rarement arrivé, depuis l'ouverture démocratique de 1998, que des partis politiques, toutes tendances confondues, manifestent autant d'engouement pour une élection. L'annonce de la tenue, le 17 mai prochain, des législatives a été en effet favorablement accueillie par tous les états-majors politiques, y compris par ceux des formations de l'opposition ou de ce qui en reste. La satisfaction générale qui a accompagné la décision de convoquer le corps électoral s'explique par le fait notamment que les partis n'auront pas à gérer une double élection, car, pendant plusieurs semaines, l'hypothèse de voir les Algériens appelés pour à la fois élire une nouvelle Assemblée et amender l'actuelle Constitution n'était pas à écarter. Le FLN de Abdelaziz Belkhadem, l'actuel chef du gouvernement, a d'ailleurs beaucoup bataillé, finalement en vain, pour imposer un tel scénario. Mais à part le FLN, peu de monde a été vraiment séduit par l'idée de jumeler deux élections. Le ministère de l'Intérieur, avançant des arguments techniques, a même déconseillé de retenir une telle option. De la même manière, la nouvelle concernant la tenue d'élections en mai a eu des échos favorables dans la société, mais pas pour les mêmes raisons que celles avancées par les partis politiques. Pour les Algériens, le débat consistant à essayer de savoir, par exemple, s'il est faisable ou pas d'organiser simultanément deux scrutins est fondamentalement accessoire. Si le citoyen apparaît pressé de voter, c'est tout simplement parce qu'il a hâte de renvoyer chez elle l'actuelle composante de l'APN. Tout le monde l'aura remarqué, jamais depuis le début du pluralisme politique en Algérie, une Assemblée n'a fait preuve d'autant d'absence, d'immobilisme et de suivisme que celle confiée à Amar Saâdani. La propension de la « majorité » à ne pas fâcher l'Exécutif a poussé progressivement l'APN à devenir, ces cinq dernières années, une sorte de « Soviet suprême » juste bon à recevoir des délégations étrangères et à fabriquer, en quantité industrielle, des éloges pour les décideurs. Rien qu'à cause de cela, on n'en voudra jamais assez aux archs d'avoir empêché des partis comme le FFS ou le RCD de participer aux dernières législatives. Leur retour permettra certainement à l'Assemblée populaire nationale de retrouver un peu de son âme.