L'annonce officielle de la tenue des élections législatives pour le 30 mai a relancé le débat de la présence des deux leaders du FLN et du RND aux postes de hauts responsables dans l'actuel gouvernement. Une présence qui risque, selon certains observateurs politiques, d'entraver le bon déroulement des législatives. Si pour le secrétaire général du FLN, M.Ali Benflis, la question de sa représentation dans le gouvernement ne pose aucun problème pour l'organisation de ces élections, en revanche, la présence du secrétaire général du RND, M.Ouyahia, au poste de ministre de la Justice, risque de susciter chez certains partis une campagne d'hostilité. Puisqu'il est responsable d'un secteur qui sera directement impliqué dans l'organisation des prochaines élections. En effet, selon la Constitution, c'est le ministre de l'Intérieur lui-même qui désigne les trois magistrats responsables de la commission électorale dans chaque wilaya. Une désignation, même si elle est légale, peut être sujette à mauvaise interprétation et entraînerait une méfiance de certains partis politiques qui verraient dans ces nominations, même anodines, un prélude d'une fraude avancée. Pour le chargé de communication du RND, Miloud Chorfi, «c'est un faux débat, car il faut désormais instaurer une culture politique dans le pays, qui fait qu'un ministre ou un Chef de gouvernement peut aisément se présenter aux élections et garder son poste de haut responsable dans le pays sans pour autant créer une polémique». Un avis partagé dans son ensemble par le responsable de l'information au FLN, M.Ahmed Mamouni, qui estime qu'il faut cesser de faire de la politique politicienne et prendre exemple sur les pays démocratiques où des responsables politiques se présentent à l'élection présidentielle et occupent des postes de responsabilité dans leur pays sans pour autant susciter autant de débats dans la presse. Une allusion directe à la France qui s'apprête à entrer en campagne électorale pour la présidentielle et pour laquelle le Premier ministre M.Jospin a officiellement annoncé sa candidature. A en croire certaines déclarations, la présence des deux responsables des partis les plus proches du pouvoir n'inquiète pas outre mesure les états-majors des partis. Ce qui importe pour eux, c'est le changement du système et non la présence de ces deux hommes dans les hautes sphères du pouvoir. Pour M.Abdel Ghafour Saâdi, le vice-président, du mouvement El-Islah de Djaballah, l'essentiel, n'est pas d'écarter des hommes, mais d'améliorer le système et surtout de donner les garanties nécessaires pour la tenue correcte des élections. Le mouvement El-Islah, qui n'a pas caché son ambition de participer aux prochaines élections, pose deux conditions essentielles pour le bon déroulement du scrutin: la remise de P-V des élections aux observateurs des partis et surtout de pouvoir contrôler les bureaux itinérants et le vote des corps constitués. Au Parti des travailleurs, le problème est beaucoup plus complexe et ne concerne nullement le départ des deux superministres du FLN et du RND du gouvernement. Les vraies garanties de ces élections, pour ce parti, passent indubitablement par le règlement des problèmes sociaux. De son côté, le PRA, par le bias de son porte parole M.Khellas, condidère qu'il n'existe aucune incompatibilité constitutionnelle, légale, ou éthique dans le cumul d'une fonction dès lors que les conditions pour la tenue d'élections sont réunies. Une attitude politique partagée par pratiquement l'ensemble de la classe politique qui estime que le vrai débat de ces élections va sûrement concerner l'impartialité de l'administration dans leur organisation. Quoi qu'il en soit et en dépit de la bonne volonté de Benflis et d'Ouyahia à faire de ce rendez-vous un exemple de la démocratisation du pays, les partis ou certains hommes politiques encore en panne de culture vont, une nouvelle fois, rechercher de nouveaux subterfuges pour faire basculer l'opinion de leur côté et donner de nouvelles idées de rupture avec le système.