S'il y est des hommes qui ont opéré une rupture dans la conception du Haut Conseil islamique, Bouamrane cheikh, est l'un des rares. Grand homme de culture, ce philosophe de formation a donné à l'institution, au même titre d'ailleurs que son prédécesseur Abdelmadjid Meziane, un cachet plus moderniste et ouvert sur le monde. Après les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le travail de l'institution était on ne peut plus complexe. Elle nécessitait des actions ponctuelles pour parer à la campagne de désinformation insidieuse qui s'était greffée sur le «champignon» des attentats du World Trade Center. Ainsi, M.Bouamrane Cheikh avait séjourné au lendemain de ces attentats durant 21 jours aux Etats-Unis pour dire aux Américains que l'image que d'aucuns, sciemment ou par ignorance donnent de la religion musulmane est erronée. C'était durant la période où être arabe ou musulman au pays de l'Oncle Sam n'était pas facile. Mais, la délicatesse de la mission dont était investi le Dr Bouamrane n'était rien devant l'importance du message qu'il devait transmettre au peuple américain. Car il s'agissait, non seulement de répondre aux détracteurs de l'Islam à ces nouveaux «croisés» qui assimilaient cette religion au terrorisme, mais surtout donner une lecture juste et accessible de la religion musulmane, à même de lever un pan du voile sur son rayonnement civilisateur qui fut à l'origine de la grandeur de l'Occident. Le dialogue entre les religions, la définition des concepts avec précision et la participation à une meilleure adaptation des textes religieux avec la réalité sociale et économique à travers l'effort «Ijtihad» sont les missions principales du Haut Conseil islamique. Cette institution qui, depuis 1998 dépend de la présidence de la République, est investie de deux missions fondamentales, à savoir, faire revivre le patrimoine islamique et corriger certains concepts. Il sert aussi en sa qualité d'organe consultatif, de référence au législateur dans l'élaboration de projets de lois inhérents à la société et à l'économie, comme le code de la famille et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, notamment le chapitre ayant trait à l'interdiction d'importer les boissons alcoolisées. Le Haut Conseil islamique est aussi sollicité par la présidence de la République pour des questions d'ordre politique, mais qui tirent leur substance de la religion. Nous citerons à titre d'exemple, l'amnistie générale qui constitue un des principaux thèmes d'actualité. Le HCI est, par ailleurs consulté pour donner des avis motivés sur des dossiers d'une extrême délicatesse, tels la transplantation d'organes humains, le clonage, la commercialisation d'organes génétiquement modifiés. Fournissant un travail aussi bien pédagogique que consultatif, le HCI prône une nouvelle méthode de travail, celle de tenter un rapprochement avec le monde chrétien à travers des penseurs algériens de naissance comme Saint Augustin ou par le biais des actions humanitaires de l'Emir Abdelkader en faveur des chrétiens, durant son exil au Moyen-Orient. Bouamrane cheikh considère que l'ignorance, la misère et l'injustice, sont le terreau duquel se nourrit le prosélytisme (lire l'article d'Amine Goutali), tout comme la mauvaise interprétation de la religion musulmane qui a transformé la femme dans les pays arabes et musulmans, en mineure à vie (article d'Achira Mammeri)