Les enseignants et les étudiants du département de pharmacie à l'université d'Alger attendent toujours les conclusions de la commission d'enquête du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dépêchée suite au grave incident survenu entre le professeur, chef de service de pharmacie galénique, et le doyen de la faculté de médecine d'Alger, en janvier dernier. L'incident n'était pas dû, en fait, selon les enseignants, à l'agression d'une enseignante du même département par son chef de service pharmacie galénique, comme nous l'avons rapporté dans nos précédentes éditions. Il s'agit finalement, d'après eux, du changement des sujets d'examen, préparés par un collectif d'enseignants dont le professeur chef de service de pharmacie galénique, par ce même doyen. Ce qui a provoqué l'altercation entre le doyen et le professeur qui se trouvait dans le bureau du chef de département pour demander des explications après avoir constaté que l'examen programmé n'avait pas encore commencé. « Le doyen qui se trouvait dans le même bureau a intimé l'ordre au professeur de sortir. Ce qu'il a refusé de faire. Le doyen fait appeler les services de sécurité que le font sortir de force. Un peu plus tard, le chef de département sort de son bureau et distribue aux surveillants les enveloppes contenant les copies d'examen et les sujets. J'ai suivi le chef de département et un surveillant dans la première salle d'examen. A la lecture des sujets, j'ai constaté que les deux questions qui étaient les miennes ont été supprimées et remplacées par deux autres qui n'étaient pas prévues lors de la réunion avec le collectif dans la même matinée », lit-on dans un rapport destiné au ministère de l'Enseignement supérieur. L'épreuve en question concerne les étudiants de troisième année dont le fils du doyen fait partie. Solidaires de leur collègue, les enseignants chefs de service universitaire ont réagi énergiquement à cet acte qu'ils ont jugé d'« unique et inique » au sein de l'université d'Alger. Ils ont décidé à l'unanimité de boycotter les corrections de cet examen, qu'ils considèrent « illégal » et de geler la remise des notes du premier EMD jusqu'à leur entrevue avec le ministre. Pour ces enseignants, il n'est plus question d'accepter et de laisser passer ce genre de dérive qui s'inscrit en faux contre la logique d'éthique universitaire et de la déontologie. Ils souhaitent que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, tranche rapidement dans cette affaire pour corriger cette « grave dérive » qui porte un coup dur à la corporation médicale. Par ailleurs, le ministre est interpellé par les membres du jury du concours des professeurs d'épidémiologie et de médecine préventive à propos « du changement frauduleux des résultats du concours de recrutement de professeurs hospitalo-universitaires session 2006. Le président du jury a décidé avec l'accord du doyen de la faculté de médecine d'Alger le changement frauduleux des résultats de l'examen qui ont été officialisés par l'arrêté interministériel du 26 décembre 2006 », ont-il souligné dans une lettre adressée à M. Harraoubia et à l'ensemble des doyens des facultés de médecine. Ils considèrent que le jury est souverain et sa décision ne peut en aucun cas être revue et demandent l'annulation des résultats. Ils contestent énergiquement « cette pratique qui porte atteinte à notre vénérable institution et à notre crédibilité et dignité en tant qu'enseignants et membres du jury souverain », ont-ils ajouté avant de signaler que « le recours du candidat docent n'a pas été étudié alors que les autres l'ont été dans la précipitation et en violation des règlements ». Interrogé, le doyen de la faculté de médecine d'Alger dément catégoriquement toutes « ces allégations mensongères ». Pour lui, il n'y a jamais eu de modification des sujets pour la simple raison que « ces sujets n'étaient pas encore faits quand l'incident, le starter de cette cabale, a eu lieu, c'est-à-dire l'agression de la chef de département adjointe et professeur de pharmacie galénique par son collègue. Le jury composé de tous les enseignants de pharmacie galénique s'est réuni avec le chef de département de pharmacie, la vice-doyenne chargée de la pédagogie et de la recherche, dans le bureau du chef de département de pharmacie, sous mon contrôle. Deux questions ont été proposées par deux maîtres assistants et deux autres par le professeur de pharmacie galénique. Aucune modification de sujet. En plus, le professeur à l'origine de l'incident m'a agressé et menacé », a-t-il précisé. Concernant le recrutement des professeurs et docents hospitalo-universitaires, le doyen de la faculté de médecine souligne que « les recours introduits par les candidats dans le cadre de la loi ont été étudiés et certains ont eu une issue favorable validée par la commission des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé. Le doyen de la faculté de médecine d'Alger en sa qualité de président de la conférence des doyens a eu un rôle de coordinateur ». Les deux versions ont été entendues par la commission du ministère de l'Enseignement supérieur. Quel sera le verdict ? Si décision il y a, elle ne concernera pas le changement des sujets mais l'agression de l'enseignante par le professeur. La feuille de route du ministère de l'Enseignement supérieur dans l'enquête du département de pharmacie s'est limitée à ce point précis, a-t-on appris.