N'ayant pu obtenir le report des assises sur la stratégie industrielle, dont les travaux débuteront demain au Palais des nations à Alger, l'organisation patronale « Forum des chefs d'entreprise (FCE) » prendra part à cet événement et compte s'impliquer pleinement dans les débats pour défendre sa vision et exprimer le point de vue des opérateurs économiques sur la question. Contacté hier, Réda Hamiani, nouvellement propulsé président du FCE, a tenu à indiquer que ce rendez-vous revêt une importance capitale, en ce sens que le sujet qui y est soumis au débat « est une idée qui a été proposée depuis bien longtemps par le FCE », et ce, après avoir constaté la prédominance « d'un mouvement général de désindustrialisation ». Pour lui, le document portant nouvelle stratégie industrielle, proposé par les pouvoirs publics, « comporte beaucoup d'aspects intéressants », mais fait l'impasse sur d'autres aspects aussi importants qu'indispensables à la réussite de toute stratégie industrielle. Il fera savoir à cet effet que « la PME et la PMI privées ne bénéficient pas des égards qui leur sont dus et se voient absentes des préoccupations des rédacteurs de la stratégie ». Aussi, l'intérêt accordé par les pouvoirs publics aux Investissements étrangers directs (IDE) est jugé par le président du FCE d'excessif, voire illusoire. « Le développement doit se faire avec les enfants du pays et ce sont eux qui créeront les richesses », soutient M. Hamiani. Quant au rôle que l'Etat doit tenir dans cette nouvelle stratégie, le président du forum estime que « la mondialisation et l'économie de marché dans lesquelles le pays est entré de plain-pied n'octroient plus à l'Etat le droit de décider à lui seul des secteurs prioritaires ». Selon lui, même si les perspectives et la santé financière de certaines entreprises des secteurs de la téléphonie, des médicaments ou autres permettent d'entrevoir un avenir prometteur, cela ne devrait pas exclure d'autres secteurs comme celui de l'industrie manufacturière, apparemment ignorée par la nouvelle stratégie. Tout en insistant sur la nécessité de définir clairement le rôle et le statut du privé dans cette stratégie, le président du FCE ne manquera pas d'évoquer enfin les conditions dramatiques dans lesquelles les entreprises privées tentent de maintenir leurs activités, en l'absence de mesures les protégeant du marché informel et de la concurrence déloyale. « Dans un contexte d'ouverture totale de l'économie, une certaine protection doit exister pour encourager les entreprises algériennes à une plus grande compétitivité », conclut M. Hamiani. Il faut dire à ce propos que cette position exprimée par le FCE est largement appuyée par les opérateurs économiques privés qui redoutent cette nouvelle tendance à encourager l'investissement étranger au détriment des investisseurs nationaux. Intervenant, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, le PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab, a plaidé en faveur des nationaux dans la future stratégie de relance industrielle. Evoquant les « pratiques discriminatoires vis-à-vis des opérateurs locaux », il dira que « l'Algérie a exclu ses opérateurs nationaux au profit des investisseurs étrangers qui bénéficient de toutes sortes d'avantages ». M. Rebrab fera remarquer que les nationaux, dans leur majorité, « réinvestissent la totalité de leurs profits dans le marché local », alors que « les étrangers ne viennent dans un pays que pour en tirer le maximum de profits et les transférer dans leurs pays d'origine ».