La cour criminelle a eu à traiter, hier, une affaire d'homicide volontaire dont la genèse remonte au mois de janvier dernier et qui a eu pour théâtre la bourgade de Sidi El Bachir. Dans un moment de colère, l'accusé, B. Abdelmalek, un marchand de fruits et légumes, a porté six coups de couteau sur différentes parties du corps de son épouse, D. Fatéma, pour sauver son honneur. L'un des coups, porté à hauteur de l'aisselle gauche, a perforé le cœur de la victime. Selon les faits consignés sur l'arrêt de renvoi, le jeune couple, issu d'une couche sociale défavorisée, demeurait dans le centre de transit Batior avant de bénéficier d'un lot de terrain dans le cadre de l'aide apportée par l'Etat. D. Abdelmalek, de connivence avec son épouse, décide de céder la parcelle de terre contre 16 millions de centimes pour acheter une maison dans ladite bourgade. Cependant, la situation se dégrada entre le couple lorsque la jeune épouse a décidé de prendre un amant. Elle ne cherchait même pas à dissimuler sa liaison extraconjugale puisqu'un jour, elle fit savoir à son mari qu'elle allait le quitter. L'inculpé tenta vainement, à plusieurs reprises, de la raisonner, mais elle ne voulut rien entendre. Dans la matinée du 7 janvier dernier, il la guetta près du domicile conjugal pour l'assassiner. Hier, à la barre, l'inculpé a reconnu en partie les griefs retenus contre lui, en déclarant que son épouse « le narguait avec son amant. Elle n'essayait même pas de se dissimuler et je suis devenu ainsi la risée du douar. » Le représentant du ministère public a souligné la gravité des faits en insistant sur le fait que l'accusé avait bel et bien prémédité son acte. Il a conclu son réquisitoire en requérant la peine maximale. L'avocate de la défense a insisté sur l'honneur de son mandant qui a été souillé par son épouse, avant de plaider les circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, la cour criminelle a condamné B. Abdelmalek à une peine de 10 ans d'emprisonnement assortie d'une amende de 40 millions de centimes dont il devra s'acquitter auprès de la mère de sa victime.