La guerre larvée entre le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, et son dauphin, Salah Djenouhat, secrétaire national chargé de l'organique, semble connaître un armistice. Hier, à l'occasion de la tenue du congrès constitutif de la Fédération des travailleurs des douanes (FTD) à la mutuelle du bâtiment et de la construction, à Zéralda, les deux hommes voulaient visiblement mettre fin aux « spéculations » à coups de formules de politesse aussi respectueuses les unes que les autres. « Il n'y a strictement aucun problème ni aucun désaccord entre moi et le secrétariat national, y compris mon ami Salah », a tonné Sidi Saïd, qui tenait sans doute à faire la mise au point devant les journalistes. Et de lancer ce message subliminal à l'adresse de son compétiteur : « Il y a le 11e congrès de l'UGTA qu'on organisera vers le mois de novembre et qui projettera l'organisation vers de nouveaux défis. » Une manière de suggérer qu'il faut à présent taire les dissensions et marquer une trêve, ne serait-ce que verbale, le temps d'aller vers ce congrès mainte fois reporté. Devant les élus du Syndicat national des douanes, qui devait pour la circonstance se transformer en une fédération, Sidi Saïd et Salah Djenouhat voulaient réussir cette photo de famille au côté du directeur général des Douanes, Abdou Bouderbala. Il n'y avait certes pas de tension dans l'air, mais les deux hommes semblaient avoir conclu un accord tacite de vendre l'image d'une organisation soudée dans sa direction pour ne pas inquiéter la base. Et ce qui devait être une courte allocution d'orientation du patron de l'UGTA s'est vite transformé en un véritable plaidoyer pour les « acquis arrachés ». En l'occurrence, Sidi Saïd a présenté une succession de réalisations qu'il a décliné sous forme d'un vrai bilan de fin de mandat. Mises au point Il avait manifestement ce souci de se défendre devant cette jeune fédération qui pèse 14 000 travailleurs, contre ceux qui, embusqués, attendent le moment idéal pour le descendre du haut de la pyramide syndicale. Du SMIG relevé de 6000 à 12 000 DA, à la signature du pacte économique et social en passant par la révision du statut général de la Fonction publique et les conventions de branches, le secrétaire général de l'UGTA a invité les syndicalistes des douanes à ne pas « baisser la tête », mais plutôt à être « fiers » de leur organisation pour tout ce qu'elle a pu concrétiser en termes d'acquis sociaux. Et à chaque fois qu'il évoque une question, Sidi Saïd prenait le soin d'en référer à son « frère ennemi » Salah Djenouhat qui acquiesce d'un signe de la tête. Ce fut peut-être une façon de prendre toute son monde à témoin que ce dernier est également comptable du bilan de l'UGTA. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que Sidi Saïd a tenu à faire cette précision : « Nous sommes une direction collégiale et toutes les décisions sont prises dans la concertation. » Autrement dit : « Si vous jugez mon bilan négatif, il est aussi celui de Djenouhat et de tous ceux qui me tirent dessus par presse interposée. » Il y a lieu de noter que certains cadres de l'UGTA voulaient faire un forcing pour obtenir la démission du secrétaire général en exploitant la brèche du procès Khalifa. Ces derniers pensaient que la tête de Sidi Saïd était définitivement mise à prix dès lors qu'il a reconnu devant le tribunal de Blida avoir déposé l'argent de la Cnas à El Khalifa Bank sans l'aval du conseil d'administration. « J'assume ! » avait- il lancé, confiant, à la présidente du tribunal. Hier en tout cas, Sidi Saïd était loin d'être un homme inquiet. « Je ne démissionnerai pas et je poursuivrai mon travail jusqu'au bout », a-t-il précisé, visiblement confiant, dans une déclaration à El Watan.