Le Ballet national se produisait hier à la salle Errich, à Bouira. L'œuvre chorégraphique qu'il a présentée à cette occasion, et dont l'auteur est Houria Zoghbi, exploitait sur le registre dramatique toute la thématique de la mort et de la vie. C'est que La Flamme éternelle, ainsi que s'intitule cette œuvre dramatique, ne s'est jamais éteinte. C'est du Shakespeare, mais aussi du Dante. Si les premières figures chorégraphiques évoquent un peu Roméo et Juliette, celles qui suivront où l'on voit des créatures qui s'apparentent à des démons infernaux (tous habillés de rouge et le visage voilé), nous plongent au cœur d'un univers dantesque. Mais Orphée, mort plus tôt, ne pourra pas descendre au fond du Styx pour chercher son Eurydice, laquelle semble irrémédiablement perdue ? C'est compter sans la résurrection qui constitue le thème central de l'œuvre. Cette jeune et belle fille à la silhouette élancée, en robe blanche, dont le corps souple comme une liane après avoir, par des mouvements d'une fluidité extraordinaire, exprimé la joie, le plaisir de vivre, ne pas vivre un cauchemar, confrontée à l'incompréhension, puis à la condamnation de son entourage. La violence va déboucher sur la mort même si la résurrection sert de dénouement au drame . Danse des flambeaux, danse des épées, danse des éventails, danse kabyle, peut-être bédouine et même danse sur musique hip- hop, le Ballet national a conquis le public bouiri qui, à chaque partie, a salué avec force ovations. La culture à Bouira, qui a tant souffert par le passé, d'un sommeil léthargique, sans doute involontairement entretenu, a besoin de telles manifestations culturelles, à l'instar du très beau spectacle présenté, hier, à la salle Errich, par le Ballet national pour espérer pouvoir revivre.