La question du Sahara-Occidental a connu hier un développement aussi important qu'inattendu. Mais en tout état de cause, il y a, sans le moindre doute, l'effet de la pression de très nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) sahraouies et mondiales. C'est en ce sens qu'il faut interpréter la décision du ministère public de l'Audience nationale. La plus haute instance pénale en Espagne a, en effet, demandé au célèbre juge Baltasar Garzon d'enquêter sur les accusations de « crimes internationaux » commis par « 32 dirigeants et militaires marocains » au Sahara-Occidental depuis 1975, date de l'invasion suivie de l'occupation de ce territoire par le Maroc. C'est ce que rapportait hier le quotidien espagnol El Mundo. Ces accusations sont contenues dans une plainte qui avait été présentée le 14 septembre dernier à la haute juridiction par un collectif d'associations espagnoles de défense des droits de l'homme. Cette demande d'enquête fait suite à l'avis favorable à l'admission de la plainte émise par le ministère public, a précisé le journal. Consécutivement à cet avis, le juge Garzon a demandé à la partie plaignante d'identifier les crimes imputés à chaque dirigeant et militaire marocain, objet de l'action en justice. Lors de la présentation de la plainte, Me Manuel Ollé Sesé, avocat au barreau de Madrid, président de l'Association de défense des droits de l'homme d'Espagne (APDHE), avait déclaré que les crimes internationaux mentionnés dans la plainte portent sur des actes de « génocide, torture, disparitions forcées de personnes, séquestrations, assassinats et blessures ». « Dans la plainte, sont relatées, en détail, les circonstances dans lesquelles ont été perpétrés ces actes, comment 40 000 Sahraouis avaient dû fuir leur pays, comment ils étaient séquestrés, torturés, parfois jetés depuis des hélicoptères dans le vide, comment d'innombrables crimes étaient commis contre eux et tous les actes relevant du génocide », avait-il précisé. Ainsi donc, le combat des militants sahraouis des droits de l'homme ne sera pas vain. Il a été salué par différentes instances internationales comme le Parlement européen, et la plupart des organisations de défense des droits de l'homme. Une question sur laquelle justement était interpellé le chef du gouvernement espagnol à l'occasion de sa visite au Maroc. Et selon une première lecture des déclarations faites durant son séjour, M. Zapatéro donne l'impression de ne pas avoir dit aux Marocains ce que ces derniers voulaient entendre. En d'autres termes, un soutien sans réserve à leur plan qui vise à perpétuer l'occupation par leur pays du Sahara-Occidental. L'Espagne, a-t-il dit, « apprécie les efforts déployés par le Maroc pour relancer le processus qui devrait aboutir à une solution définitive et durable à la question du Sahara-Occidental, qui soit acceptée par toutes les parties dans le respect de la légalité internationale ». Les termes sont bien pesés aussi bien pour la solution préconisée qui doit être agréée par les parties au conflit, que sa conformité avec la légalité internationale, jusque-là incarnée par l'ONU qui se heurte au blocage marocain pour appliquer son propre plan. Ce qui signifierait un rejet pur et simple du plan marocain, déclaré nul et non avenu par le Front Polisario.