Dîner à la chandelle. Ce n'est pas par romantisme en ce 8 mars pluvieux. Plusieurs quartiers de Tizi ouzou sont plongés dans le noir. Sans électricité ni eau dans les foyers, les femmes n'oublieront pas de sitôt « leur » journée. Il aura suffi de quelques averses accompagnées de vents pour que tout bascule. Rideaux de plusieurs magasins baissés, transports urbains au ralenti, des galas annulés. C'est la cacophonie. Sale temps de fête. Dans les rues, on presse le pas pour se mettre à l'abri ou rentrer carrément chez soi. Il pleut encore sur la ville. Faute d'avaloirs (ils sont bouchés), les rues se transforment en lacs. Il ne manque que les canards et les poissons pour planter le décor. Par endroits, la furie des eaux est tellement menaçante qu'elle fait reculer le plus téméraire des piétons. Impossible de circuler. Gare routière, boulevard Krim Belkacem, carrefour du 20 Avril, mêmes paysages d'inondations. Un peu partout à travers la Kabylie profonde, on a tremblé de froid et de peur. Les populations ont encore en mémoire janvier 2005 quand la neige a paralysé toute activité. Les villages ont frôlé la catastrophe après un mois « d'embargo ». Leurs maigres provisions en carburants et en denrées alimentaires n'ont pas tenu plus d'une semaine dans une région difficile d'accès même à dos de mulet en pareille période de l'année. « On a faim », « on va mourir » témoignaient désespérément des voix tremblantes au bout du fil. Sans l'Armée nationale populaire (ANP) qui a mobilisé ses troupes et ses engins, il aurait été quasiment impossible de désenclaver tous les hameaux enserrés par des kilomètres de neige. Le pire a été évité de justesse. Dieu merci. Mais jusqu'à quand nos communes attendront-elles des renforts extérieurs pour venir en aide à des personnes en détresse guettées par la mort ? A-t-on tiré les leçons des catastrophes précédentes pour se prémunir à l'avenir ? Certainement pas. L'hiver n'a pas encore dit son dernier mot dans une planète aux abois ayant perdu ses saisons et sa « raison ». Et ce n'est pas la faute à Dame Nature s'il vente ou s'il pleut. Elle n'est pas responsable de la défectuosité du réseau électrique qui « pète » au moindre orage. Elle ne peut non plus combler les incompétences et l'incurie des hommes. Tout est question de prévention et de bonne gouvernance. A tous les échelons.