Ils sont quelque 3 millions à souffrir d'un handicap en Algérie, selon l'OMS, et 1,6 million, selon l'Office national des statistiques. Une enquête nationale devant recenser cette population fait défaut à ce jour. Les experts alertent sur la gravité de la situation à cause de la tendance vertigineuse des accidents de la circulation, devenus principale source d'invalidité motrice. D'autres facteurs et non des moindres sont liés aux problèmes cardiovasculaires ou d'accouchement, les séquelles du diabète et les problèmes génétiques. L'Etat fait tout pour convaincre sur ses efforts à l'égard de cette catégorie, faisant miroiter des chiffres bien garnis. Le budget alloué au titre de l'aide sociale s'élève à 30 milliards de dinars. Pour sa part, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, a déclaré que son département a dépensé, en 2006, quelque 60 millions de dinars pour l'action sociale. Il promet, en outre, de revaloriser dans les prochains mois la pension allouée aux handicapés qui sera doublée à 6000 DA. Les chiffres officiels font état également de plusieurs structures spécialisées, au nombre de 134, qui sont implantées dans le pays pour la prise en charge notamment des enfants handicapés, dont 87 787 sont âgés entre 6 et 15 ans. Il convient aussi de signaler l'adoption de la loi relative à la protection et la promotion du handicapé adoptée en 2002. Le texte promet de réserver au moins 1% des postes d'emploi à cette catégorie de même que le ministre de tutelle s'est engagé à réserver 2 500 postes de travail permanents aux personnes handicapées à partir de janvier 2005, et 500 postes de travail dans le cadre du préemploi ainsi que 1800 postes d'emploi dans le cadre des activités d'intérêt général. Des mesures qui, en dépit du satisfecit du gouvernement, restent nettement insuffisantes de l'avis des associations des handicapés. Ces organisations qui répertorient chaque jour des cas relatifs à la vie quotidienne de ces invalides soulignent que toute solution doit viser une prise en charge efficace et une réinsertion sociale. La Fédération des associations des handicapés moteurs (FAHM), qui compte une soixantaine d'associations, déplore le fait que les pouvoirs publics agissent seuls, sans consulter les associations qui connaissent le terrain. Pour qu'un programme réponde réellement aux besoins des personnes handicapées, il faut qu'il soit validé par les associations qui le représentent, selon la FAHM, précisant que la bonne volonté du gouvernement ne suffit pas à enrayer les problèmes des personnes handicapées moteurs si leurs besoins ne sont pas identifiés. Les associations citent à titre d'exemple la gratuité des transports dont bénéficient les personnes invalides, alors qu'elles n'ont accès ni au bus, ni au train, ni au taxi, totalement inadaptés à leur usage. Elles déplorent en outre que des enfants n'ont pu accéder à l'école et que des adultes n'ont pu trouver un emploi, malgré leur qualification professionnelle, à cause d'un handicap physique. « C'est une atteinte aux droits de l'homme », crient les associations des handicapés. Sur le même chapitre, les grandes villes algériennes demeurent hostiles aux déplacements des personnes en chaise roulante, tandis que les trottoirs sont squattés par les vendeurs à la sauvette. Les bâtiments, dont la majorité absolue est dépourvue d'ascenseurs, sont inaccessibles pour les handicapés. La FAHM organise d'ailleurs mardi prochain un séminaire sous le thème « Accessibilité des lieux publics et aménagement des espaces de vie quotidienne aux personnes handicapées ». Pour sa part, l'Association des sourds-muets de la daïra de Sidi M'hamed interpelle le ministre de la Solidarité sur le fait que le décret du 1er mai 1982, relatif à l'emploi et à la rééducation professionnelle des handicapés, n'a jamais été appliqué. « Toutes nos demandes d'emploi adressées aux sociétés nationales ou privées sont restées sans suite », témoignent les adhérents de l'association, ajoutant que depuis des dizaines d'années aucun sourd-muet n'a bénéficié d'un logement que ce soit dans le cadre social ou participatif Le ministre, lui, a annoncé, en 2006, la promulgation lors du Conseil du gouvernement de trois décrets d'application de la loi relative à la protection et la promotion des personnes handicapées. Ils concernent essentiellement l'accessibilité des lieux publics aux personnes handicapées. Il a relevé également que 12 projets, en préparation par son département, viseront l'ouverture d'un centre pour autistes et l'institution d'un observatoire et d'un fonds pour l'insertion et l'autonomie des personnes handicapées. Le ministre a soutenu que 200 millions de dinars sont à la disposition des associations qui proposent des projets à réaliser en partenariat avec son département.