Ouverte officiellement depuis six ans (elle existait en tant qu'annexe de l'ESBA depuis 1992), l'Ecole régionale des beaux-arts de Azazga vient de connaître au début de cette semaine un changement à la tête de sa direction. L'ancien directeur de cette école a été relevé de ses fonctions récemment et remplacé par un enseignant de l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Ce dernier a pris ses fonctions samedi dernier. Cette mesure est prise à l'encontre de l'ancien responsable de cet établissement et survient après l'intervention du ministère de la Culture, qui aurait dépêché une mission d'inspection sur place, sur sollicitation de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Tizi Ouzou. Sur place, les représentants du ministère se seraient enquis de la situation après plusieurs rapports au vitriol adressés par l'APW au wali ainsi qu'au ministère de la Culture. L'été dernier, les élus de l'APW ont sollicité le ministère de tutelle ainsi que la wali de Tizi Ouzou pour intervenir et « prendre les mesures nécessaires ». Selon les documents de l'APW, il a été retenu contre l'ex-directeur sa gestion de l'établissement artistique où il a été relevé « l'insécurité, l'absence totale d'entretien des différents compartiments », entre autres griefs. Plus que cela, l'ancien responsable a été personnellement mis en cause par les élus qui soulignent dans leur rapport « les désagréments causés aux riverains par le comportement du directeur et de certains étudiants à des heures allant jusqu'au petit matin ». Et la liste des accusations reste très longue, notamment ce qui a trait à l'aspect morale, tel que « l'internat qui est mixte et incontrôlable (pas de séparation entre les deux sexes) ». L'APW a « diligenté une commission le 14 août dernier afin de vérifier les requêtes des uns et des autres ». Le constat a été accablant tant « l'état de non-gestion y régnait », comme le souligne la lettre adressée par l'APW au ministère de tutelle et datant du 21 août dernier où les élus demandaient une commission d'enquête. Mais, curieusement, dans le même document, les rédacteurs précisent à l'intention de la ministre de la Culture que « si on ne remédie pas à la situation en urgence, nous comprendrons que la fermeture de l'école est imminente ». Plus loin aussi, il est précisé que « si la presse s'empare du sujet, beaucoup trouveront matière à se défouler ». Après ce nouvel épisode de la vie de cette école régionale, il est à se demander pourquoi l'Assemblée populaire locale a tenu à se mobiliser et à convoquer le discours moralisateur autour de la situation au sein d'une école des arts, qui est, par définition, un centre de rayonnement intellectuel, d'épanouissement et de création. La mission d'une APW n'est-elle pas plutôt de tracer les grands axes de développement de la wilaya ?