Pendant la guerre d'indépendance, les hélicoptères de l'armée coloniale atterrissaient sur le plateau d'Aswel, au sommet de la montagne, transformé en prison à ciel ouvert, où les prisonniers mouraient d'épuisement et de froid en quelques heures. Cinquante ans plus tard, la commune d'Aït Zikki se bat pour obtenir des autorités l'ouverture d'une piste, l'affectation d'un médecin, ou la réalisation d'une retenue collinaire. C'est le projet hydraulique auquel tiennent le plus les élus locaux. La retenue est naturellement aménagée et ses capacités d'emmagasinement sont estimées à 500 000 m3. L'altitude du site (Tanekrit), situé à près de 1500 m, permettra l'acheminement de l'eau par gravitation. Les élus locaux que nous avons rencontrés soulignent l'importance de ce projet. « La retenue collinaire permettra d'alimenter en eau d'irrigation les surfaces exploitables en agriculture de montagne et constituera une réserve d'eau non polluée pour l'AEP », nous dit-on au siège de l'APC. L'on ne cache pas la déception devant l'immobilisme de l'administration. Le projet a été remis le 18 février 2006 à la direction de l'hydraulique de wilaya. Depuis, aucune réponse, ni dans un sens, ni dans l'autre. « On aurait aimé qu'on nous réponde même par la négative, qu'on nous dise qu'on fait fausse route », lâche-t-on à l'APC. Le projet est pourtant réalisable, puisque la nature a fait l'essentiel. La retenue existe de fait, reste aux hommes de réaliser quelques travaux pour sa mise en service. L'APC a inscrit dans son programme PCD l'ouverture d'une piste de 3 km vers le site en question, Agoulmime Tanekrit. L'opération aurait dû être prise en charge par les services de l'agriculture, mais aucune ouverture de piste n'a été affectée à Aït Zikki l'année dernière, et les perspectives pour cette année ne sont pas meilleures. Les élus locaux s'étonnent d'un oubli aussi intégral. « Nous avions demandé six opérations d'ouverture de piste en 2006, sur des tracés où il n'y a pas d'opposition, aucune n'a été retenue », s'exclame-t-on à l'APC. Se situer aux limites des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa n'est pas une raison pour exclure la commune des programmes de développement. On oblige cette commune sans ressources à payer sur ses subventions des acquisitions qui devraient être prises en charge dans des programmes sectoriels. On affecte des budgets d'une main et on les reprend d'une autre. La commune d'Aït Zikki a consacré 15 millions de dinars, ôtés de son programme de développement (PCD), pour l'achat d'engins de déneigement. Sans cela, la commune est condamnée à vivre coupée du monde pendant des semaines lors des hivers rigoureux, comme lors de la tempête de l'hiver 2005. Au chapitre social, les aides publiques sont attribuées avec parcimonie. La commune ne dispose actuellement que de 3 postes pré-emploi. « Uniquement pour les filles, nous comptons plus de 70 universitaires, au chômage », nous dit un élu. L'on souligne que l'APC a demandé à renforcer son personnel, notamment le service d'hygiène, l'agriculture et l'informatique. « On nous affecte un poste d'archiviste alors que nous en disposons déjà », regrette-t-on. Faute de poste pré-emploi, une jeune fille titulaire d'un DES de chimie a accepté un poste Esil payé 2300 DA par mois. C'est tout ce que le pays offre à des jeunes qui ne désespèrent pas de réussir là où leurs parents ont vaincu l'adversité coloniale.