Le Darfour est le casse-tête des travaux du Conseil des droits de l'homme (CDH) qui se tiennent actuellement à Genève. Les 47 pays membres du conseil du CDH, dont l'Algérie, doivent aujourd'hui approuver un mécanisme de suivi des opérations au Darfour. Genève : De notre correspondant Pas d'enquêteur, mais des observateurs, cette fois-ci... L'Union européenne (UE) a proposé qu'un groupe de travail composé de plusieurs rapporteurs spéciaux poursuive, à partir des documents existants, l'examen des violations des libertés dans cette région soudanaise en proie à la violence. Le comité s'appuiera, entre autres, sur le rapport de la mission spéciale conduite en février dans les camps de réfugiés au Tchad par le prix Nobel de la paix, Jody Williams. Un rapport qui a déclenché une guerre larvée entre les différents blocs du Conseil des droits de l'homme. Plusieurs groupes régionaux, l'Algérie, l'Afrique du Sud, la Chine et la Russie, ont remis en cause la légitimité du rapport de Jody Williams et se sont opposés à son adoption. Après la présentation par Jody Williams de son rapport controversé, dans lequel Khartoum est accusé d'avoir orchestré des « crimes contre l'humanité », une partie des 47 pays membres du conseil ont demandé à la commission de mettre sur la table les preuves de ces accusations. Les autorités soudanaises, qui avaient refusé de laisser la mission entrer sur son territoire, ont demandé la constitution d'une nouvelle mission qui sera désignée cette semaine par les membres de la CDH. L'Algérie et l'Afrique du Sud, deux poids lourds dans la Commission des droits de l'homme, appuient la proposition du gouvernement de Khartoum. L'Algérie considère comme une grave dérive la qualification de génocide par rapport à ce qui se passe au Darfour. Le Darfour, selon de nombreux observateurs, est devenu le piège humanitaire parfait où se jouent les tensions internationales, lié à cette obsession de la guerre stratégique contre le terrorisme. L'Algérie a rappelé que la situation au Darfour ne doit pas occulter les autres drames humanitaires en Afrique, en Irak et en Palestine. L'Algérie au nom du groupe arabe, le Pakistan au nom de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et le Sri Lanka pour le groupe asiatique ont soutenu la demande du Soudan de ne pas adopter le rapport. La Chine, Cuba et la Russie ont également souligné que la mission n'a pas pu exécuter son mandat et que son rapport n'a pas de statut juridique. A l'inverse, les pays de l'Union européenne, le Canada, l'Argentine, le Mexique, mais aussi plusieurs pays africains ont demandé à ce que le conseil agisse sur les violations des droits de l'homme au Darfour. Minées par un affrontement entre blocs, les négociations peinent à déboucher sur un résultat meilleur que ceux de l'ancienne commission, tant discréditée.