Alliance culturelle algéro-italienneLa Bibliothèque nationale d'Algérie a accueilli lundi soir l'auteur Rachid Boudjedra dans un café littéraire organisé dans le cadre de la quatrième édition de la semaine de la langue italienne. Le lien entre les deux : l'un des livres de l'auteur, Cinq fragments du désert (éditions Barzakh), vient d'être traduit et édité en Italie par la maison d'édition Meridiana de Florence. Deux volets seront donc abordés lors de cette soirée : Boudjedra, son livre et son expérience littéraire ; un débat sur la diffusion et la traduction de la littérature algérienne en Italie. Rachid Boudjedra commencera par dire que cette traduction est un non-événement, puisque Cinq fragments du désert a déjà été traduit dans huit langues. Pour lui, l'événement se situe ailleurs. « Un éditeur italien vient dans mon pays, pour me rendre hommage à moi, mais d'abord à l'Algérie martyre qui a subi la barbarie pendant une décennie. Un hommage à tous ceux qui ont été assassinés. Hommage à la culture algérienne et à l'Italie qui a eu ce culot de venir avec des éditeurs et des traducteurs », dit-il avant d'ajouter : « Je considère qu'Alger est la capitale de l'Italie. » Après ce préambule qui en aura fait sourire plus d'un, l'auteur se penche sur son texte, dont le thème est consacré au Sahara. Il commence par expliquer qu'il passe tous ses hivers dans cette région du pays avec laquelle il a développé une relation intime. Mais ce passionnant désert a un côté pervers : « Le désert est un lieu de désordre, de chaos absolu », « il a quelque chose d'attirant en même temps que repoussant », et c'est ce qu'il a tenu à conter dans Cinq fragments du désert. L'éditeur, pour sa part, parlera des émotions suscitées par la lecture de ce texte : « Je l'ai vécu comme des éclats de pensées, un soleil qui vous parle et vous éblouit. Des pensées imprévues, des fragments de lumière et d'ombre. Des nuits charnelles et des journées chaotiques. Ce sont des fragments d'un lieu, d'un non-lieu. » Pour lui, le récit est celui d'un « monde terrible, chargé de néant... l'infini chargé de nous rappeler de vouloir et de prétendre un sens ». L'éditeur expliquera aussi que ce texte a été édité dans la collection Avec l'autre qui fait de la traduction une rencontre entre les cultures. « Il a été édité dans un petit format comme s'il devait nous accompagner en voyage ». Pour finir, l'éditeur s'adresse à ses homologues algériens et aux autorités politiques et culturelles pour penser à une collaboration dans ce domaine. Ces propos tombent pile, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, qui arrive un peu en retard, a juste le temps d'écouter la requête de l'éditeur italien. Ce dernier continue : « L'édition est le bras qui aide la culture à témoigner dans le temps, c'est une croisade qui se développe dans le tissus culturel. Il est important de publier des témoignages et d'aboutir à une collaboration pratique et concrète. » La ministre de la Culture intervient juste pour expliquer que lors du dernier Festival de Timgad, elle avait rencontré son homologue italien avec lequel elle a signé un accord. « La première partie de cet accord concerne le patrimoine architectural. La seconde aborde le cinéma, le théâtre, le livre et la traduction. Le cadre de coopération existe », dit-elle pour répondre à la requête de l'éditeur italien. Ainsi, les différents éditeurs algériens et italiens présents à ce café littéraire auront tout le loisir de prendre des contacts et de mettre en exécution cet accord signé entre les deux ministres de la Culture. D'autant que la littérature algérienne, selon les intervenants italiens, est particulièrement suivie dans ce pays. De même, relèvera un libraire, le lecteur algérien commence à développer un certain intérêt pour la littérature italienne. La boucle est bouclée en théorie. Reste à la concrétiser.