Récital n La poésie italienne contemporaine a été, hier lundi, à l'honneur à la Bibliothèque nationale. Initié par l'institut culturel italien, le récital poétique a été animé par Paolo Guzzi, un poète qui, selon les critiques, se révèle être «l'une des voix poétiques les plus innovatrices de la poésie italienne contemporaine.» Lors de cette rencontre, Paolo Guzzi, un bilingue (italien-français), a lu (en italien) quelques uns de ses poèmes, et le poète Abderrahman Djelfaoui, assis à ses côtés, les a repris en français. Plus tard, et s'exprimant sur sa poésie, Paolo Guzzi a déclaré «Ma poésie est linéaire et en même temps visuelle.» Cette singularité poétique est perçue lorsqu'on lit la version française où des images largement animées et vivantes, colorées et truculentes, sont projetées de manière telle qu'elle nous fait voir des scènes et, du coup, nous fait vivre des situations diverses, tantôt sages et tantôt passionnées. Sa poésie est donc une poésie-écran, et ce dans la mesure où nous vivons et partageons intimement «les expériences les plus expérimentales et hardies» du poète, des expériences faites de sensations et de souvenirs lointains et regrettés. Puisqu'il y a, et on le perçoit bien et à travers la composition thématique et dans le choix du vocabulaire, une nostalgie ; celle-ci, récurrente et expressive, alimente, de bout en bout, et abondamment, ses écrits, des écrits qui se refusent franchement d'être considérés comme étant un simple exercice littéraire. Ce n'est pas un travail littéraire mais stylistique où l'aspect affectif est consciencieusement pris en considération. «J'ai une attention particulière pour le langage», a confié le poète, ajoutant que son travail consiste à procéder à un choix judicieux et donc adéquat au vocabulaire de sa poésie. La poésie de Paolo Guzzi qui se dit dans un élan mélancolique use de mots simples, souples et aérés, mais affinés et d'une beauté expressive étonnante et dont la charge affective qui l'habite et constitue sa substance se veut dense et profonde, et ce de manière à susciter l'intérêt du lecteur sur l'art de la poésie. Si la mélancolie y est présente, l'ironie s'y fait également manifeste. Car, et selon Paolo Guzzi, cette poésie, qui est à l'écoute du monde, se révèle une critique de la société contemporaine, dont «les valeurs se réduisent, parfois, à la production et à la consommation, toujours plus paroxystiques, d'une énorme quantité de marchandises.» Ainsi, la poésie de Paolo Guzzi se révèle de par la manière dont elle est organisée doublement articulée où mélancolie et ironie se mêlent dans une combinaison phrastique habilement véhiculée par la conscience poétique de Paolo Guzzi. Un poète rêveur, à la fois nostalgique et satirique, un poète observateur et critique.