Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) vit depuis le 11 mai 2006 une crise organique aiguë. Cette crise, selon Farid Cherbal, coordonnateur national adjoint chargé du Centre, « trouve son origine dans la volonté de certains membres du bureau national de neutraliser le CNES qui est un syndicat démocratique et revendicatif ». Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du SNAPAP, M. Cherbal ainsi que d'autres membres de ce syndicat ont critiqué le comportement du coordinateur national, Ali Boukaroura, qui a annoncé la date de la tenue du troisième congrès du CNES prévu pour les 27, 28 et 29 mars. « Vingt-deux sections et pas des moindres, entre autres celles d'Alger, de Constantine et d'Oran, ne participeront pas à ce congrès, ce qui représente dans l'ensemble 6000 adhérents. Par cette démarche, les initiateurs du congrès ne veulent plus d'un syndicat démocratique revendicatif, mais plutôt d'un syndicat d'appareil », s'est insurgé M. Cherbal. Mustapha Mechab, coordonnateur national adjoint chargé de l'Ouest, a dénoncé plus particulièrement la procédure adoptée dans le choix des représentants des sections, tout en qualifiant ce congrès qui se tiendra durant cette semaine de « pas crédible » et d'« illégitime ». L'orateur expliquera que les adhérents du CNES ont appelé à une réunion du conseil national avec à l'ordre du jour le règlement de la crise organique pour aller unifiés au congrès. « Malheureusement, certains ont décidé d'aller vers un congrès en rangs dispersés », dira-t-il. « Ces contacts n'ont pas abouti, car Boukaroura et ses éléments ont refusé à chaque fois de revenir sur les décisions d'exclusion prises à l'encontre des membres du bureau national et les sections CNES des établissements d'USTO, de l'USTHB et de Blida », dira M. Mechab. M. Belhadia, responsable de la section CNES-Chlef, relèvera que les conditions de préparation du 3e congrès allaient inévitablement mettre à nu les visées du clan Boukaroura. L'intervenant est convaincu que le congrès qui est en préparation n'est plus celui des adhérents, mais un congrès d'appareil où les désignés et non élus accapareraient un levier important dans la participation pour pouvoir verrouiller les travaux et les résultats du congrès. « Nous sommes persuadés que la mission principale de ce syndicat maison sera non pas de défendre les intérêts moraux et matériels des enseignants du supérieur, mais de neutraliser la ligne syndicale démocratique et revendicative qui nous a permis durant dix ans de défendre notre métier, notre dignité et de lutter pour la sauvegarde d'une université au service d'un bien-être durable pour tous », a lancé amèrement M. Cherbal. Mais ce dernier ne désespère pas pour autant. Pour lui, la vie et la lutte syndicale continueront après la tenue du congrès. Il poursuivra la lutte pour que la sérénité revienne dans les campus. Les sections CNES qui ne participeront pas au congrès tiendront des assemblées générales pour donner leur avis sur les résultats du congrès et la démarche à suivre. « Ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à une crise grave, mais à chaque fois nous nous sommes ressaisis. Même si nous n'assisterons pas au congrès, nous resterons des sections affiliées au CNES parce que notre force est d'être à l'intérieur du campus avec les franchises universitaires et, selon le règlement intérieur du CNES, l'employeur n'a pas le droit d'interférer dans les problèmes internes du syndicat », a précisé M. Cherbal.