Nul doute que cette nature d'institution trouvera une bonne assise dans le paysage bancaire algérien qui, il convient de le préciser, est constitué uniquement de banques universelles et d'établissements financiers spécialisés. Si jusqu'à présent les banques ne prêtent qu'aux riches, entendez par là ceux qui sont solvables, l'intrusion des coopératives d'épargne et de crédit sur le marché du crédit permettrait bien sûr de prêter toujours aux riches mais aussi aux moins nantis, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas le profil préféré par les banques classiques, qui pour acheter un logement, qui pour acheter un véhicule, qui pour acquérir un équipement… à la condition d'être à la fois membre et épargnant de la coopérative. Ce nouveau concept de banque conforte un tant soi peu l'économie sociale et constitue une avancée remarquable dans la lutte contre l'exclusion. Ainsi, l'Algérie en mettant en place un tel instrument marque son intégration parmi les pays qui ont donné une dimension juridique au vaste ensemble d'organisations à vocation économique et sociale. Ces coopératives sont des « entreprises de personnes » et non de capitaux. Elles poursuivent des finalités d'intérêt général et sont régies par des principes de fonctionnement qui les distinguent des entreprises classiques : mobilisation de personnes autour d'un projet commun ; gestion démocratique selon le principe « une personne, une voix » ; patrimoine collectif et réserves non partageables ; indépendance à l'égard des pouvoirs publics. Beaucoup d'éléments différencient également les coopératives d'épargne et de crédit des banques, il en est ainsi de leur mode de constitution et de fonctionnement et surtout du but poursuivi puisque ce sont des institutions à but non lucratif, ce qui ne signifie pas qu'elles vont distribuer de l'argent à tout bout de champ ni qu'elles vont travailler à perte. Les autorités veillent au grain ainsi que les organes sociaux et les dirigeants de ces institutions que loi rend responsables en premier lieu de tout écart malveillant. La dénomination de ces institutions en coopératives d'épargne et de crédit n'est pas du reste fortuite. Si le législateur a délibérément placé le mot épargne avant celui de crédit, c'est pour suggérer aux membres et plus généralement aux citoyens la culture du crédit productif, c'est-à-dire qu'il faut commencer par épargner avant de pouvoir prétendre bénéficier d'un crédit. La loi qui régit ces institutions porte du reste le sceau d'un législateur économique soucieux des attentes et des préoccupations du marché. Il s'est limité uniquement à poser les principes généraux sans aller aux détails en se gardant ainsi d'enfermer l'activité dans un cadre rigide ne tenant pas compte des évolutions futures. Cette manière de procéder s'inscrit bien dans l'effort de moderniser la législation en mettant plus l'accent sur les mécanismes que sur les règles. La création des coopératives d'épargne et de crédit se généralise et se répand dans tous les pays du monde y compris les pays développés. Les premières coopératives de crédit et d'épargne ont été fondées au milieu du dix-neuvième siècle, essentiellement en Allemagne. Deux hommes sont considérés comme les pères fondateurs du mouvement des coopératives de crédit : Herman SchuItze-Delitsche, qui fonda une coopérative de crédit pour les petits artisans et les classes moyennes urbaines, et Friedrich Reifeisen, le fondateur de la coopérative de crédit rurale. En Italie, Luigi Luzzatti fonda des coopératives de crédit qui combinaient les principes établis par ses deux prédécesseurs. Alphonse Desjardins au Canada s'est emparé du concept au début du siècle et lui a donné un autre contenu, ce qui l'a fait prospérer dans un premier temps au Québec avant de le promouvoir dans tout le pays sous différentes formes. Aujourd'hui, il s'exporte dans beaucoup de pays d'Afrique, d'Europe de l'Est et d'Amérique. La coopérative de crédit est le type le plus courant de coopérative que l'on rencontre dans le monde moderne après la coopérative de consommation. Cette forme de coopérative a été établie aussi bien dans les contrées rurales qu'urbaines par les syndicats et d'autres organisations, parmi lesquelles des institutions publiques. En raison de sa véritable prolifération, elle fournit une réponse au besoin le plus pressant d'importants groupes de personnes : la nécessité d'obtenir du crédit pour la réalisation d'objectifs divers. Seulement à la différence des autres coopératives, les entités impliquées dans le commerce de l'argent doivent impérativement veiller à favoriser au démarrage la bonne gouvernance pour une gestion mesurée et prudente afin d'éviter les lendemains qui déchantent. Les expériences en cours dans les pays qui ont adopté le concept ont démontré que la gouvernance est le facteur décisif de la réussite ou de l'échec.