Nouvelle démarche pour Abdallah Djaballah et ses partisans du mouvement El Islah. Confronté, comme il le qualifie, à un « complot tissé par le pouvoir », il appelle au boycott des législatives du 17 mai. « Je demande préalablement, en attendant la décision du conseil consultatif, à tous les militants et sympathisants du mouvement El Islah de boycotter le prochain scrutin », a déclaré Abdallah Djaballah lors d'une conférence de presse animée hier au siège national du parti à Alger. Il est avéré, a-t-il estimé, que les résultats de la prochaine échéance « sont établis d'avance et que l'élection est faite sur mesure pour les partis du système ». Cette option a pour objectif, a-t-il enchaîné, à la fois de mettre à nu « la volonté du pouvoir d'enterrer son parti » et de disqualifier aux yeux de l'opinion publique « les opportunistes de mouvement de redressement qui ont bénéficié d'un coup de grâce des autorités ». « J'exhorte tous les militants à dénoncer la politique de l'exclusion et des coups d'Etat organisés au sein des partis politiques. C'est un précédent grave pour la démocratie et la crédibilité des partis qui prépare le retour déguisé au système du parti unique », a-t-il ajouté en précisant qu'il n'est pas près d'abandonner son parti sans user de toutes les voies de recours possibles. Ayant exprimé auparavant sa volonté de prendre part à ces législatives, Abdallah Djaballah a renoncé même à l'option de constituer des listes d'indépendants. Il a ainsi démenti toutes les informations faisant état de la préparation par ses alliés de listes d'indépendants pour rentrer en compétition électorale. Le boycott auquel il a appelé sera, a-t-il indiqué, « actif en utilisant tous les moyens pacifiques ». Outre cette mesure, le leader malheureux d'El Islah a convié aussi tous ses fidèles à geler leurs activités au nom du parti jusqu'à la prononciation du verdict du Conseil d'Etat et la clarification de la position du ministère de l'Intérieur par rapport au congrès du mouvement du redressement. « Une telle position sera l'expression des militants de leur refus au congrès de la honte et leur collaboration avec le groupe des exclus du parti qui ont vendu leur honneur », a-t-il lancé. Revenant sur la rencontre qu'il eue, dimanche dernier, avec le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, Abdallah Djaballah a affirmé lui avoir fourni tous les documents prouvant que sa direction « est la plus légitime et la plus habilitée à représenter le parti ». « Nous lui avons présenté un dossier fort des signatures de 30 membres fondateurs (El Islah est fondé par 50 membres), 22 députés, 33 conseils consultatifs de wilaya que compte le parti et 41 bureaux de wilaya. Nous lui avons présenté également les recours de 103 membres du conseil consultatif national. Ce sont des preuves irréfutables disqualifiant le groupe de redresseurs », a-t-il souligné. Pour l'orateur, les responsables du ministère de l'Intérieur n'ont trouvé aucune réponse aux nombreuses questions qui leur ont été posées. Par ailleurs, les services du ministère les ont informés, selon Djaballah, que l'agrément accordé au redresseurs « est provisoire, valide uniquement pour la participation aux élections ». « Il m'ont dit que la balle est sortie et le coup est parti. Ils ne pouvaient pas revenir sur leur décision », a-t-il expliqué. L'espoir de Djaballah de récupérer son mouvement est donc entretenu. Il compte d'ores est déjà introduire un recours contre « le simulacre de congrès organisé par les redresseurs ». Toutefois, quelle que soit l'issue de cette affaire, Djaballah n'est pas près de laisser tomber « son combat politique ». S'il est déchu de son parti, Djaballah compte créer une nouvelle formation politique. « J'ai dit au ministre que s'il ne rétablit pas la situation, je vous ramènerai un autre dossier de création d'un nouveau parti que vous n'allez pas me rejeter », a-t-il expliqué.