Les deux articles publiés par le journal El Watan du 25 mars 2007, avec pour titres « L'Algérie a-t-elle perdu la boussole ? » et « Diplomatie en dents de scie » sont particulièrement surprenants, tant par les approximations et les contradictions qu'ils véhiculent que par les paradoxes dans lesquels versent leurs auteurs. Ils le sont d'autant plus qu'ils ont été publiés à un moment où l'Algérie est remarquablement engagée sur la scène internationale et où nos partenaires de tous horizons manifestent un intérêt de plus en plus accru pour notre pays. Dès lors, il n'est que légitime que le ministère des Affaires étrangères, qui est pleinement respectueux du devoir d'informer de la presse nationale, sollicite avec insistance l'hospitalité de vos colonnes pour éclairer votre lectorat au moyen de la mise au point suivante. Tout d'abord, une clarification s'impose, à propos de la « découverte » de l'un de ces deux auteurs qui semble s'étonner du fait que le chef de l'Etat « incarne la diplomatie algérienne », faut-il rappeler précisément que, conformément à l'article 77, alinéa 3, de la Constitution, le président de la République « arrête et conduit la politique extérieure de la nation ». S'agissant au surplus d'un homme d'Etat qui a marqué de l'empreinte de ses convictions et de son savoir-faire, durant plus d'une quinzaine d'années, la diplomatie algérienne, le président Bouteflika jouit d'un capital expérience internationalement reconnu se greffant sur une autorité à la fois constitutionnelle, politique, morale et professionnelle. N'y a-t-il pas là une assurance quant à la qualité de la direction de la politique extérieure de l'Algérie dont tout patriote ne peut manquer de se féliciter ? En vérité et contrairement aux affirmations contenues dans ces articles, la diplomatie algérienne a recouvré toute sa vitalité aussi bien dans son environnement immédiat que dans d'autres espaces d'importance pour les intérêts nationaux et où s'exprime traditionnellement la voix de l'Algérie en faveur de la paix, de la justice et du développement pour tous. L'Algérie qui a définitivement tourné l'une des pages les plus sombres de son histoire, a, en effet, récupéré et conforté ses positions sur la scène internationale. Pour tout observateur impartial, les activités liées à l'action extérieure algérienne et les dividendes tangibles qui en découlent prouvent ces réalisations surabondamment. N'est-il pas abusif de proclamer, sans justification aucune, une « perte d'influence » en Afrique, alors même que, dans un autre article, publié côte-à-côte par une heureuse (?) coïncidence, il est rapporté qu'une « mention spéciale » est attribuée à l'Algérie consécutivement à ses efforts menés avec succès pour le retour de la paix au Mali ? Dans le même esprit, comment soutenir que « l'Algérie a tourné le dos à l'Afrique » alors même que notre capitale vient à peine d'abriter un sommet important du comité de mise en œuvre du Nepad ? Nul besoin, dans ce contexte, de rappeler l'engagement, connu et reconnu de tous, de notre pays à l'égard de la cause de la paix, de la stabilité et du développement en Afrique, ni sa solidarité effective avec tous les peuples à l'échelle de tout le continent : les actes parlent d'eux-mêmes et ont raison de la cécité politique de ceux qui ne veulent pas voir ce qui est visible pour tous les autres. Certains commentaires singuliers à propos des performances de la diplomatie algérienne portent à croire que leurs auteurs ignorent que la diplomatie est d'abord l'art de l'efficacité dans la discrétion, et que les gesticulations et autres manifestations d'exhibitionnisme ne sont pas nécessairement l'aune à laquelle s'apprécient l'influence et la présence d'un pays sur la scène internationale. Faut-il rappeler, dans ce contexte, que la diplomatie algérienne actuelle est l'héritière de celle de la Révolution du 1er Novembre et qu'elle en a gardé les arrêtes vives ainsi que le style ? Il est en tout cas regrettable de relever que l'article véhicule une vision si négative, au point de transformer un exercice qui aurait pu être une critique constructive en une opération caricaturale de démolition de l'image d'un instrument emblématique de la souveraineté nationale dont les succès sont délibérément et arbitrairement occultés. Certains de ces succès peuvent être rappelés à titre strictement illustratif. Il en est ainsi de : l'organisation à Alger du 35e sommet de l'Unité africaine, en juillet 1999, qui a constitué le point de départ d'une dynamique de réforme des institutions de l'organisation continentale, de ses objectifs et des mentalités ; ainsi qu'en témoigne l'historique résolution 142 sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement adoptés à cette occasion ; de la médiation porteuse entre deux pays africains, l'Ethiopie et l'Erythrée ; de la médiation, récente, pour la restauration de la paix dans le nord du Mali ; de la mission effectuée, au début de ce mois, dans le cadre du déploiement de la force de maintien de la paix en Somalie ; de la réélection, remportée à une très confortable majorité, de l'Algérie au Conseil de paix et de sécurité lors du dernier sommet de l'Union africaine, tenu à Addis-Abeba en janvier 2007. Et, au double plan régional et international, des observateurs attentifs ne manquent pas de commenter élogieusement : le rôle déterminant joué par l'Algérie dans le processus de réforme du système des Nations unies et de la Ligue arabe ainsi que dans la mise en place de l'Union africaine ; le dialogue inédit avec l'OTAN, et les contributions algériennes au partenariat euro-méditerranéen ; la conclusion et l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne ; la conclusion de partenariats stratégiques avec des pays importants, ainsi que les apports de notre pays à la revitalisation des cadres d'identité et de solidarité auxquels il appartient. Si les auteurs de ces articles avaient eu la précaution d'éviter les jugements hâtifs et d'analyser avec objectivité et rigueur certaines questions qui leur ont fait croire que l'Algérie a abandonné des « espaces vitaux », ils auraient alors mieux perçu le rôle grandissant et l'influence avérée de la diplomatie algérienne sous la conduite du chef de l'Etat dont le premier mandat et celui en cours ont été jalonnés d'acquis incontestables. Il en est ainsi, de notoriété publique, de la lutte contre le terrorisme et des prolongements internationaux des politiques de concorde civile et de réconciliation nationale, du désendettement du pays, du développement socioéconomique et des perspectives avérées de croissance, des conquêtes politiques, plus particulièrement marquées par l'enracinement de la démocratie, de l'Etat de droit et par la promotion des droits de l'homme. Tout autant que la presse, la diplomatie est faite d'exigence et de crédibilité. L'une et l'autre ne gagnent rien dans des joutes vaines, alors que les citoyens savent d'instinct les trésors d'ingéniosité et de persévérance que requiert la défense des intérêts et des principes de l'Algérie dans le monde complexe et dur d'aujourd'hui et de demain.