C'est le jour du son. Celui des bougies, des feux d'artifice et des pétards. Qui éclatent, qui pètent, qui font du bruit et volatilisent en pure fumée un mois d'économie des ménages. Qui font croire à de vraies bombes du GSPC tant les nouveaux produits sont toujours plus puissants, plus forts et plus vrais. Les pères de famille modèles accusent déjà les Chinois, premiers exportateurs de pétards, les mères accusent les pères de famille laxistes qui achètent des kilos de pétards à leurs enfants et les enfants accusent les douaniers qui leur subtilisent les pétards pour les leur revendre plus cher. Mais en tout état de cause et au-delà des attitudes des grincheux de tous bords, le Mouloud, même s'il comporte des risques, est quand même le jour le plus joyeux du calendrier musulman, dont les fêtes sont aussi tristes qu'un calendrier des Postes. Tout le monde le sait, si le Ramadhan conduit souvent aux urgences de gastro-entérologie, le Mouloud aux urgences de dermatologie et ORL. Tout le monde le sait aussi, les pétards sont interdits d'importation, et bien sûr, chaque année, ils entrent au vu et au su de tout le monde et se retrouvent sur le marché. Justement, au lieu de demander à l'Etat de faire appliquer ses propres lois, qu'est-ce qui l'empêche de légaliser l'importation de pétards et d'en finir avec cette vieille loi désuète ? Car en ne le faisant pas, tout en n'empêchant pas en parallèle les pétards d'arriver, d'être achetés et vendus, il se ridiculise lui-même, incapable de contrôler son principal port, à savoir celui d'Alger, par lequel sont débarqués chaque jour des containers de produits pyrotechniques. De la même façon et puisque l'Etat est incapable de lutter contre la corruption, il devrait la légaliser en demandant aux corrompus de reverser une partie des bénéfices pour construire des écoles. Ou pour importer de la pomme de terre et du lait.