La pièce théâtrale intitulée La Casa de Bernarda Alba, adaptée du texte de l'auteur espagnol Federico Garcia Lorca a été présentée durant trois jours au Théâtre national d'Alger. Si la générale de mercredi soir a regroupé un monde trié sur le volet, il n'en demeure pas moins que lors de la dernière représentation, vendredi après-midi, le théâtre était plein à craquer. C'est dire que cette pièce théâtrale a suscité l'intérêt d'un public connaisseur. Mise en scène par Ahmed Khoudi, La Casa de Bernarda Alba est une œuvre forte, regorgeant de métaphores et de sous-entendus. Le jeu des comédiennes a donné plus de poids à la pièce en question. Bernarda Alba, incarnée avec un talent inégalé par Souad Sebki, est une femme éplorée qui vient juste de perdre son second mari. Elle décide de prendre une décision irrévocable, celle de mettre toute la maison en deuil pour une durée de huit années. Ses cinq filles, ses deux servantes et sa vieille mère ne l'entendent pas de cette oreille. Pourtant, la mère est formelle : pas de contact avec le milieu extérieur avec, de surcroît, une privation du moindre signe de détente. Mais l'obéissance ne semble pas être de mise. Ce deuil imposé engendrera tour à tour une frustration, une jalousie et une haine. Chaque personnage aspire à la vie, au bonheur et... à l'amour. En témoignent les exemples édifiants de la grand-mère et des petites filles qui veulent absolument rencontrer l'âme sœur. Voulant à tout prix être aimées par des hommes, les cinq sœurs, revêtues de longues robes et d'un maquillage extravagant, réussiront à s'imposer devant les deux servantes, mais en l'absence de la sévère mère. Cette pièce théâtrale, très bien ficelée, a le mérite d'offrir des répliques oscillant entre le sadisme et la cruauté. Bernarda consent au mariage de sa fille aînée — laquelle a la plus grande part d'héritage — avec un jeune homme, Pépé Romano, alors que la plus jeune de ses filles, Adéla, est amoureuse du même homme. Ironie du sort, une troisième fille, à savoir la simplette d'esprit Ouatigo, est elle aussi éprise de ce jeune homme. La mère finira par tuer avec un fusil le Don Juan et Adéla. « J'ai ainsi sauvé l'honneur de ma fille », conclut-elle d'une voix émotive en fin de spectacle. La casa de Bernarda Alba a été jouée par des étudiantes de l'Institut supérieur des arts dramatiques. Mises à part Souad Sebki (Bernarda) et Fadéla Hechmaoui (la servante), cette pièce performante, dont l'histoire se déroule dans les années 1930, a rassemblé, à coup sûr, tous les ingrédients nécessaires, tant sur le plan scénique que gestuel.