Les gouvernements israéliens, toutes tendances confondues, ont pratiqué cette politique sans jamais venir à bout de la résistance palestinienne. Dans les perpétuelles tentatives d'Israël de mettre à genoux les mouvements palestiniens armés, les assassinats ciblés demeurent une des constantes de sa politique et celle de son Premier ministre. Les critiques de la communauté internationale ne les ont nullement dissuadés à y mettre un terme. Durant l'actuelle Intifadha, déclenchée le 29 septembre 2000, des centaines de résistants ont été assassinés au cours d'opérations militaires assimilables à des exécutions pures et simples. Dans ces actions où les victimes ont généralement très peu de chances d'échapper à leur sort, l'armée israélienne, qui dispose d'une technologie de pointe, utilise ses redoutables hélicoptères d'assaut de type Apache, de fabrication américaine. Ces véritables chasseurs ne ratent que très rarement leurs proies. Au moment de l'attaque, là où les cibles traquées se trouvent généralement au bord d'un véhicule ordinaire. Il faut cependant souligner que sans un appui efficace de ce qu'on appelle dans les territoires palestiniens El Oumala, ou encore les collaborateurs, la mission de ces hélicoptères serait beaucoup plus compliquée, pour ne pas dire impossible. Sans leurs renseignements précis et obtenus en temps réel, à travers les moyens de communication, tel le téléphone mobile, les pilotes de ces hélicoptères seraient véritablement aveugles. En fait, ce genre de personnes que les services de renseignements israéliens ont réussi, d'une manière ou d'une autre, à convaincre de travailler pour eux, ont toujours existé parmi les populations qui subissent les affres de l'occupation. Ils rendent d'énormes services aux ennemis de leur propre peuple. Leur élimination constitue, cela va de soi, une des priorités des mouvements armés palestiniens. Les derniers en date de cette liste d'assassinats ciblés ont eu lieu dans la soirée de jeudi, au nord de la ville de Ghaza, et hier matin. Cette fois-ci, la cible était un véhicule à bord duquel se trouvaient un des chefs des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas et son adjoint. Selon des témoins, la voiture en question a été atteinte par deux roquettes tirées à partir d'un hélicoptère Apache. Dans la même attaque, 8 passants ont été blessés par des éclats. Le véhicule a été transformé en un amas de ferraille calciné. Les corps des deux victimes ont été totalement brûlés et déchiquetés. Adnane El Ghoul, âgé de 47 ans, avait perdu son propre fils dans une tentative d'assassinat ciblé qui l'a visé durant la première année de l'Intifadha. Un autre militant du mouvement Hamas a été tué et un autre blessé hier, cette fois dans le sud de la bande de Ghaza, apprend-on de source médicale. Iyad Al Sirr, 28 ans, a été tué par une explosion dont l'origine n'a pas été déterminée et qui a complètement déchiqueté son corps. La mort de Adnane El Ghoul et de Imad Abbas, considérés par les Israéliens comme les principaux artificiers de leur mouvement et ceux qui ont mis au point les fameuses roquettes artisanales de type Qassam, est sans doute une grande perte pour la résistance palestinienne. Les roquettes Qassam sont régulièrement tirées contre le sud d'Israël, à partir du nord de la bande de Ghaza. La dernière invasion de cette zone par l'armée israélienne avait pour but de faire cesser ces tirs. Cette agression, qui a coûté la vie à 140 Palestiniens et causé d'importants dégâts matériels, a débuté le 28 septembre. Elle a duré plus de deux semaines. L'objectif déclaré d'Israël n'a pas été atteint puisque ces roquettes continuent de tomber presque quotidiennement en territoire israélien. Dans les heures qui ont suivi l'assassinat des deux militants du Hamas, pas moins de 13 roquettes ont été tirées contre le territoire Israélien et certaines colonies de la bande de Ghaza. Plus tôt, dans le sud de la bande de Ghaza, un sous-officier israélien a été tué par une explosion revendiquée par le Hamas. Si à travers l'assassinat de Adnane et de Imad Sharon espère faire cesser la fabrication et le tir de roquettes contre le territoire israélien, il va indéniablement vers un autre échec. L'assassinat en 1996 par le Shin Beth de Yahia Ayache dit l'ingénieur n'a jamais fait cesser les opérations suicides. Avant sa mort, Ayache, qui préparait les charges explosives utilisées par les kamikazes palestiniens, avait pris le soin de communiquer son savoir à d'autres militants des Brigades Ezzeddine Al Qassam. Au même titre d'ailleurs que le refus de l'occupation qui se poursuit depuis des décennies avec la même détermination.