Les producteurs privés de lait pasteurisé en sachet bénéficieront des subventions que l'Etat vient de débloquer au profit du groupe public Giplait, en achetant la poudre de lait à un prix subventionné. « Giplait vendra la poudre de lait aux transformateurs privés à un prix subventionné qui sera défini lors de séances de travail que le ministre du Commerce doit tenir », a révélé, jeudi dernier, Mourad Medelci, ministre des Finances, lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Tout en rassurant qu'une commission interministérielle se chargeait du dossier, l'invité du forum expliquera, en présence de M. Mhenni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), qu'en attendant la mise en place de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), Giplait remplirait les missions de régulation et c'est à ce titre qu'il approvisionnera les unités privées en matière première. Medelci a tenu à lever toute équivoque quant à la « discrimination » entre le secteur privé et public en motivant le choix porté sur le groupe public par sa dimension nationale. « Giplait, a-t-il précisé, est une entreprise publique, mais aussi le plus important producteur de lait en sachet du pays, d'où sa sélection pour encadrer cette phase transitoire. » Une phase transitoire qui devrait prendre fin en juillet prochain, avec la mise sur pied de l'ONIL, précise M. Medelci. L'annonce n'a pas manqué de réjouir les patrons présents au forum. Toutefois, le ministre exigera de la part des opérateurs privés de « la transparence » et de « l'honnêteté » en conditionnant l'aide par « le non-détournement de la poudre de lait pour la production des dérivés laitiers ». Main droite levée, M. Mhenni jurera qu'aucun détournement n'aura lieu. Pour contenir la crise du lait, le gouvernement avait débloqué en urgence 6 milliards de dinars en recourant au Trésor public. Une seconde enveloppe est prévue dans le cadre de la loi de finances complémentaire portant l'apport de l'Etat à 10,5 milliards de dinars. Par ailleurs, le ministre des Finances est revenu sur ce qui fait l'actualité de son secteur. Ainsi, selon M. Medelci, « la privatisation du CPA suit son court normal et le futur détenteur des 51% du capital sera connu avant la fin de cette année ». Il démentira par la même occasion les rumeurs faisant état d'un renoncement des autorités à cette ouverture de capital. Pour appuyer ses propos, le conférencier officialisera une seconde ouverture de capital, à savoir celle de la Banque du développement local (BDL). « Nous entamerons, en 2008, l'ouverture du capital de la BDL », a-t-il soutenu, avant d'avouer que l'objectif est d'« équilibrer » les parts entre le secteur bancaire public, actuellement détenteur de plus de 90% du marché, et le secteur privé. « A l'horizon 2010, nous voulons ramener la part du secteur bancaire public à 60% », a affirmé encore M. Medelci. Quant à l'évolution de la place bancaire, le représentant de l'Exécutif l'évalue positivement, en citant pour preuve la dizaine de dossiers d'agrément déposés à la Banque d'Algérie. « De grandes banques tapent à notre porte », s'est-il félicité avant de lier l'évolution de la place bancaire à l'environnement global des affaires. Même s'il y a des améliorations notables, le grand argentier du pays reconnaît qu'« il y a encore de la bureaucratie à l'acte d'investissement ». La création d'une entreprise met moins de temps, mais nous restons loin des standards internationaux, cite-t-il à titre illustratif. Idem pour l'informel qu'il faut, de l'avis du ministre, amener à intégrer la sphère formelle en réglant le problème de locaux, du foncier et en rendant la fiscalité moins indigeste. A ce sujet, M. Medelci annoncera l'étude de la baisse de l'impôt sur le revenu global (IRG) à l'occasion de la loi de finances 2008. Concernant le projet de loi élargissant les compétences de l'inspection générale des finances (IGF), M. Medelci fait remarquer que « ce qui était exceptionnel devient désormais structurel, dès lors que les compétences de l'IGF concerneront les entreprises publiques économiques ». Plus de moyens d'intervention et une plus grande synergie entre les inspections sectorielles et l'IGF sont les principaux apports de la nouvelle loi. 2007 enregistrera également la mise en place de la caisse nationale des équipements et développement qui aura pour mission d'évaluer et de mettre en œuvre les grands projets.