La purge a commencé. La droite de Sarkozy se déleste de tous ceux qui ne font pas allégeance au candidat à l'Elysée. La victime s'appelle Azouz Begag, le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances. Selon toute vraisemblance, l'auteur du Gone du Chaâba n'aurait pas démissionné mais aurait été poussé vers la porte. Isolé au sein d'un gouvernement tout acquis à l'ancien ministre de l'Intérieur, Azouz Begag a rallié le candidat centriste François Bayrou. La cause de son départ serait liée à la publication d'un livre à charge contre Nicolas Sarkozy. Le titre est déjà une piqûre de rappel pour le candidat à l'Elysée. Un mouton dans la baignoire, édité par Fayard, est un clin d'œil aux propos pour le moins controversés du candidat favori des sondages et des médias. Au cours d'une émission télévisée, Nicolas Sarkozy s'était lancé dans un amalgame qui n'a rien à envier au leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen. Il avait stigmatisé les musulmans en usant de clichés éculés qui n'ont plus cours depuis plus de 20 ans. C'est d'ailleurs lors des émeutes de novembre 2005 que les deux hommes se sont affrontés la première fois. Azouz Begag n'avait pas apprécié les mots « Kärcher » et « racaille » utilisés par Sarkozy lorsqu'il était place Beauvau et il ne s'est pas gêné pour le faire savoir. Selon les premières indiscrétions parues sur Internet, Begag accuse Sarkozy dans son livre en mettant en lumière son agressivité. Ce dernier lui aurait dit après que le sociologue se soit élevé contre « la sémantique guerrière » : « Tu es un connard, un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! » Et les porte-flingues de l'ancien ministre de l'Intérieur sortent l'artillerie lourde. Brice Hortefeux, lieutenant de Sarkozy et ministre délégué aux Collectivités territoriales, l'aurait insulté lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée. « Dégage de là ! Tu n'as pas de place », aurait dit le ministre délégué. Toujours selon l'ancien sociologue d'origine algérienne, certains l'ont considéré comme un « chaouch », un « bicot de service ». La droite resserre les rangs. Après la « démission » de Begag, les seconds couteaux de l'UMP tirent à boulets rouges sur l'ex-ministre délégué. En attendant la publication du livre. Lâché par de Villepin, désormais libre, Azouz Begag a décidé de peser dans la campagne présidentielle en confirmant son choix en faveur de François Bayrou.