Pour le CNES, « la grève est la solution extrême. Elle s'impose car il n'y a pas de dialogue ». Le CLA qualifie la position du gouvernement d'alarmiste. Les représentants des syndicats autonomes ont réagi, hier, aux décisions prises par les pouvoirs publics concernant la non-revalorisation des salaires ainsi que l'application de mesures disciplinaires contre les grévistes de tous les secteurs. Le porte-parole du Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES) a tenu à préciser au préalable que le droit de grève (article 90-02) est un droit constitutionnel et, par conséquent, nul n'est au-dessus de la loi - allusion faite au gouvernement. Les pouvoirs publics, a indiqué notre interlocuteur, remettent en cause la grève illimitée, alors que ce point ne figure pas dans la loi. « La grève est la solution extrême. Et elle s'impose, car il n'y a pas de dialogue », a souligné le responsable du CNES. « régression des libertés » Celui-ci estime que sans la négociation aucune solution ne sera trouvée aux problèmes qui secouent les différents secteurs. « Le Pouvoir doit reconnaître le syndicat autonome en tant que partenaire à part entière dans la négociation. Le problème se situe à ce niveau. Concrètement, la loi nous protège, mais sur le terrain, c'est une autre réalité », dira-t-il. Le premier responsable du CNES craint que la décision du gouvernement ne cache un autre objectif : la restriction des libertés. « C'est une régression dans les libertés et de cette manière le Pouvoir veut le pourrissement. » M. Osmane, premier responsable du Conseil des lycées d'Alger (CLA), considère la position du gouvernement par rapport aux mouvements de protestation d'alarmiste. Pourtant, selon lui, le baromètre du nombre de grèves a considérablement baissé ces dernières années avec 176 débrayages durant l'année 2003-2004. De son avis, le taux d'absence dû à l'absentéisme dans les entreprises publiques est plus important que celui amputé aux mouvements de grève. « A mon sens, le gouvernement se trompe d'époque. Les menaces et les intimidations ne régleront pas les problèmes socioprofessionnels des travailleurs. En plus, l'article 53 consacre le droit de grève, et le gouvernement ne peut aller à l'encontre des débrayages », a soutenu notre interlocuteur en indiquant qu'effectivement « les grèves perturbent le fonctionnement d'une entreprise, mais elles restent le seul recours pour attirer l'attention et faire réagir les pouvoirs publics ». « La démarche du gouvernement vise la restriction des libertés syndicales sans pour autant passer par la procédure législative normale. En somme, l'Etat veut l'intimidation du partenaire social qui dérange », a souligné M. Osmane, qui s'est interrogé en outre sur le centre de décision. « Il existe une ambiguïté. Nous ne savons pas où est la réalité du Pouvoir. Et nous ne comprenons pas, d'ailleurs, pourquoi lorsque des problèmes se posent dans tel ou tel secteur, ce sont le chef du gouvernement ou le Président qui interviennent. A mon sens, chaque responsable doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de son département », a expliqué le représentant du CLA, qui ajoute que l'absence de dialogue social fait que la grève tend généralement vers le pourrissement et l'impasse. inquiétude De son côté, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement supérieur et technique (CNAPEST) a critiqué la démarche du gouvernement du fait qu'elle remet en cause les acquis des travailleurs du moment que le droit à la grève existe dans la législation. Le représentant du syndicat s'est dit inquiet du double langage tenu par les représentants du gouvernement. « D'un côté, la tutelle nous rassure que les portes du dialogue sont ouvertes et, de l'autre, le chef du gouvernement prend des décisions contraires à la loi. Le rôle du syndicat autonome est la médiation sociale. Toutefois, le Pouvoir qui ne reconnaît pas le syndicat autonome - c'est une question de mentalités -, tente de réprimer toutes les actions émanant de lui. Il est clair que le Pouvoir refuse le pluralisme syndical. Et cet état de fait est très dangereux pour notre pays », dira-t-il. Pour le représentant du CNAPEST, les menaces et les intimidations n'amélioreront pas la situation. Bien au contraire, c'est le bras de fer qui va être engagé. Par ailleurs, M. Malaoui du SNAPAP s'est remémoré les années 1990 avec notamment la grève de six mois entamée par le Syndicat des enseignants du supérieur (CNES) et le Syndicat des pilotes (SPLA). Pour ces derniers, la machine judiciaire a été enclenchée et une dizaine de pilotes ont été radiés de leur poste. « Les menaces et intimidations ont toujours existé. Le gouvernement ne fait que rappeler aux grévistes la circulaire de 1998. En ce qui nous concerne, nous estimons que la décision du gouvernement porte un point positif : la reconnaissance du syndicat autonome. Le gouvernement, à travers cette décision, sait que le syndicat autonome est représentatif. Donc, il a son poids sur le terrain. »