Nombre d'analystes ont trouvé une correspondance symbolique entre le 11 avril, date du double attentat d'Alger, le 11 septembre, jour des attaques terroristes contre le World Trade Center, et le 11 mars, date des attentats de Madrid pour y lire la signature d'Al Qaïda. Cette corrélation peut revêtir un impact psychologique, mais il reste que l'organisation terroriste a perpétré des attentats sanglants en Grande-Bretagne, en Indonésie, en Egypte, au Maroc, sans s'embarrasser de contingences numérologiques. Depuis précisément les attentats du 11 septembre 2001, il est manifeste qu'Al Qaïda cherche à faire le plus grand nombre de victimes en exploitant l'effet traumatique de tels attentats de masse. L'une des caractéristiques des attaques du 11 septembre 2001 réside dans le temps qu'a mis Al Qaïda pour les planifier et les exécuter et c'est le même mode opératoire qui a été reconduit pour d'autres attentats de masse, comme ceux de Madrid en 2004 ou de Londres en 2005. Il a fallu cinq ans à Al Qaïda pour organiser les attentats du World Trade Center en utilisant des réseaux basés en Europe, notamment en Allemagne. Pour les attentats de Madrid, ce sont des réseaux marocains implantés en Espagne qui ont été actionnés. Dans aucun cas, les actions planifiées par Al Qaïda n'interviennent du jour au lendemain et cela suppose des préparatifs minutieux et une connaissance des cibles visées. Après des attentats d'une telle ampleur, c'est souvent la capacité des services de renseignements à avoir pu les empêcher qui est mise en avant. Cela s'est vu après le 11 septembre 2001 et le 11 mars 2004 et le même questionnement peut surgir lors d'attentats de même nature. La difficulté à cet égard paraît tenir à la stratégie de la pieuvre qu'adopte Al Qaïda qui se déploie en tentacules qui peuvent être coupées sans que cela ait des incidences sur la tête. Ce qui justifie une vigilance de tous les instants, car un réseau démantelé, où que ce soit, n'exclut pas le danger de voir des cellules dormantes réactivées dans un contexte qui est celui d'une guerre secrète dans laquelle Al Qaïda s'appuie sur le facteur du temps. C'est en cela que le double attentat d'Alger est à rapprocher de ceux de New York, Madrid et Londres et signale la dimension internationale de la lutte contre un terrorisme qui n'épargne aucune région du monde. Ce péril impose à tous les pays concernés des postures de solidarité, car face à l'Amérique, l'Europe et les pays du Maghreb, Al Qaïda nourrit les mêmes objectifs de destruction à grande échelle en escomptant que ses attentats saperont le moral des populations en les bousculant dans la psychose des attentats, ce qui équivaut à un conditionnement des masses. Comme à New York, Madrid ou Londres, les attentats d'Alger cherchent à agir, par l'instauration d'un climat de terreur, sur l'instinct grégaire de survie avec ce que cela implique de démobilisation et de soumission à l'indicible. Dans ce genre d'épreuve, l'expérience a démontré que les peuples sont rarement brisés par l'adversité et les Algériens l'ont démontré au sortir d'une décennie sanglante. C'est cette victoire contre la tentation du chaos que le double attentat d'Alger a cherché à fragiliser en réveillant brutalement les vieux démons de la peur et du doute.