Annoncé pour la fin du mois d'avril, le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) est reporté pour la fin de l'année 2007, selon Karim Djoudi, ministre délégué à la Réforme financière. Justifiant ce report, le ministre a indiqué que " la cession d'une banque publique est un processus très complexe ". Si pour M. Djoudi, " le processus de privatisation de cette banque se déroule normalement ", du côté des banques candidates et du CPA, les responsables se sont refusés à toute déclaration ou commentaire. Six banques se disputent cette première banque publique privatisable : les banques françaises BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natexis-Banque Populaire, ainsi que la banque espagnole Santander et l'américaine Citibank. Ces banques ont été préqualifiées pour l'acquisition de 51% du capital du CPA suite à un appel à manifestation d'intérêt, lancé en octobre 2006 aux banques universelles internationales disposant de la capacité d'agir en tant que " partenaire stratégique du CPA, concourant à son développement et à celui du système bancaire algérien en général ". La banque d'affaires française Rothschild & Cie s'est chargée de préparer le dossier de préqualifaction. Le ministère des Finances avait auparavant fixé les conditions requises pour les dossiers de candidatures. Les banques intéressées doivent remplir trois critères, à savoir : un niveau de fonds propres d'au moins 3 milliards d'euros ; un réseau bancaire d'au moins 400 agences dans un même pays et un rating d'au moins A3 par Moodys ou au moins A par S&P. Les consortiums ont étés éliminés de la course en décidant d'une cession en bloc unique de 51% du capital du CPA. Expliquant cette démarche, le gouvernement algérien semble ainsi privilégier les banques ayant un plan de développement , et de ce fait met l'offre technique avant celle de l'offre financière, d'autant plus que le pays bénéficie d'une embellie financière sans précédent. Si pour l'ancien ministre des Finances Abdelatif Benchenhou, " le gouvernement algérien recherche un partenaire capable de financer les PME ", il est attendu aussi de la banque qui sera retenue un apport en savoir-faire bancaire, participant ainsi à la modernisation du système bancaire algérien en tirant les autres banques vers l'adoption de normes internationales en matière de pratique et de gestion bancaires. Où en est le processus de privatisation actuellement ? Après avoir passé l'écueil de l'évaluation du CPA, de la définition de la stratégie de cession, du lancement de l'appel d'offres pour la préqualification des banques, de l'élaboration des documents juridiques (contrat de cession, pacte d'actions...) qui ont été transmis aux banques préqualifiées, le ministre délégué à la Réforme financière a indiqué que l'étape prochaine consistera en l'organisation de l'opération de " data room " pour les banques préqualifiées. Le terme " data room " qui désigne la pièce à l'accès limité située en dehors des locaux de l'entreprise cédante et contenant un ensemble d'informations juridiques, opérationnelles, comptables, fiscales, sociales, etc. sur l'entreprise, est une étape essentielle vu son rôle déterminant de révélations du vendeur, et qui permet aux acheteurs potentiels qui ont préalablement formulé une offre indicative de la confirmer et de la préciser sous forme d'une offre technique et financière. Selon les règles d'usage en matière de privatisation d'entreprise, l'imposition d'un calendrier confère un rythme soutenu à la négociation et soumet l'acheteur à une pression, renforcée par le sentiment de compétition induit par le passage en data room. Et ce n'est qu'à l'issue de ce data room que le processus passera à la phase de remise des offres techniques et financières pour la cession finale du CPA, a indiqué M. Djoudi. Reste à savoir si le délai annoncé sera respecté cette fois-ci après moult reports. Pour rappel, l'ouverture de capital du CPA a été annoncée au même titre que celle de la BNA et la BDL. L'opération de privatisation, chapeautée par la Banque mondiale à l'époque où le dossier de la réforme était confié à Fatiha Mentouri, a été remise en cause depuis avant qu'elle ne soit relancée pour le CPA.