Dans sa présentation de la situation économique et financière de l'année 2006 au forum d'El Moudjahid jeudi 5 avril, le ministre des Finances s'est exprimé entre autres sur les crédits à l'économie. C'est ainsi que le volume des financements consenti à l'économie en 2006 s'est fixé à 1942 milliards de dinars contre 1772 Mda en 2005, enregistrant une forte hausse de 10 % ou + 164 milliards de dinars. Cette bonne performance des crédits à l'économie a été réalisée par le secteur privé (+ 143 Mda ) contre + 20 Mda pour le secteur public. La part des crédits à court terme est de 1027 Mda alors que les concours à moyen et long terme reçoivent 915 Mda. On ne connaît pas la répartition de ces crédits par branche d'activité et par agent économique. On sait seulement que le secteur privé a pris le dessus sur le secteur public puisqu'il accapare 52,8% du total des financements distribués. Les indications sur le volume des crédits affectés aux dépenses de consommation (véhicule, équipement ménager…), à l'habitat (logement, immobilier), aux équipements (entreprises…) n'ont pas été fournies quoique on peut approximativement à partir de la masse des crédits traitée par les banques privées estimer le montant du crédit à la consommation sachant que les banques publiques en font très peu ou pas du tout. Si on considère que la part exprimée en pourcentage des banques privées dans l'encours total des crédits à l'économie est de 9,1%, soit 177 Mda, il est permis de dire que le crédits personnels n'ont pas un poids significatif dans la direction du crédit dont l'essentiel est orienté sur le crédit productif. Il reste que des informations précises sur cet aspect de la question permettent de faire des extrapolations utiles pour renseigner les acteurs, les analystes sur l'évolution, la structure, la nature et les perspectives de l'économie. Cet exercice conduit à s'interroger sur la nécessité de faciliter ou ne pas favoriser l'octroi par les banques des crédits personnels et leurs effets sur la croissance économique par exemple. On sait que le crédit consommation (le crédit à des fins personnelles) est par exemple utilisé afin de procéder à l'achat d'un logement ou à la construction d'une maison familiale, à l'acquisition d'équipements ménagers, pour payer la scolarité des enfants, pour couvrir des frais médicaux, etc. L'objet du prêt n'est évidemment pas générateur de revenus. Il s'agit d'une charge qu'il faudra régler à partir de revenus réguliers provenant d'une source autre que l'objet du prêt. Le crédit à des fins personnelles peut aussi éviter de déstabiliser la situation financière de la famille qui pourrait alors faire appel (c'est souvent le cas) aux prêteurs usuraires - encore faudrait-il définir légalement à partir de quel niveau le prêt devient usuraire - afin de faire face à des situations temporaires (école, décès, maladie, fête, etc.). Il peut également stimuler l'économie locale. L'achat de biens produits localement peut avoir des effets bénéfiques pour la communauté, surtout lorsqu'ils remplacent des biens importés sans aucune intégration. L'habitat, c'est connu, améliore la qualité de vie de la population et induit un gain multiplicateur par l'achat de matériaux locaux et l'utilisation intensive de main-d'oeuvre. Un prêt à l'immobilier ou à la rénovation est également aussi fructueux pour l'économie qu'un crédit productif. C'est pourquoi, le prêt à la consommation savamment géré est justifié sur le plan économique, lorsque les revenus permettent le remboursement. Il faut cependant veiller à éviter le surendettement. Dans ce type de crédit, les habitudes d'épargne du client deviennent souvent un gage de sa capacité de rembourser. Le crédit productif (activités génératrices de revenus) est privilégié par un individu ou une entreprise, dans le but d'améliorer ses activités de production ou ses opérations. Il peut s'agir par exemple de l'achat d'équipement, de matériel de transport, de matière première, de la constitution d'un stock ou encore pour l'extension d'une unité de production ou d'un local. Habituellement, l'objet d'un tel investissement est de consolider ou d'accroître les profits de l'entreprise. On dit du crédit productif qu'il est générateur de produits. Cette caractéristique est des plus importantes, puisque le remboursement du crédit productif est généralement supporté par les revenus générés par l'objet même du prêt. Toute activité génératrice de revenus est considérée comme provenant d'une entreprise. L'entreprise peut être grande ou petite, individuelle ou collective. De même, tout individu qui travaille à son compte (agriculteur, artisan, éleveur, commerçant, etc.) est un entrepreneur. L'entreprise peut être structurée de façon formelle ou opérer dans le secteur informel. Elle peut être agricole, industrielle ou commerciale. Le crédit doit être non seulement accessible aux très petites entreprises (artisans, travailleurs autonomes, commerçants), mais également aux agriculteurs. Ce sont eux d'ailleurs qui subissent davantage les effets du crédit usuraire lorsque les circuits classiques de financement ne répondent pas à la demande. Finalement, crédit productif ou crédit consommation pour peu qu'ils s'intègrent dans une matrice d'ensemble sont des leviers de croissance si les proportions sont déclinées en toute transparence.