Le célèbre journaliste et opposant marocain Ali Lmrabet a eu une mésaventure des plus rocambolesques avec la Royal Air Maroc. Quel ne fut son étonnement, en effet, lorsque, devant prendre l'avion depuis Casablanca le 16 avril dernier pour regagner la ville de Barcelone où il réside, il s'est vu confisquer sa carte d'embarquement par une hôtesse de cette compagnie, au motif que la photographie figurant sur le passeport ne correspondait pas à la personne qu'elle avait en face. Ali Lmrabet a dû sortir pas moins de sept papiers d'identité, dont ses cartes de presse. Rien n'y fera. Il a dû provoquer tout un tintamarre et ameuter des témoins pour se faire enregistrer. Le journaliste trublion ne manquera pas cette occasion pour saisir par écrit le P-DG de la RAM, M.Driss Benhima. Sa cinglante missive sera répercutée via le Net par nombre d'ONG internationales dont Human Rights Watch (bureau de Bruxelles). En voici un extrait : « Monsieur le président, cette missive n'est pas une plainte pour dénoncer l'incompétence de vos employés ni la morgue de certains d'entre eux envers leurs clients. Je n'ai pas le temps de me dédier à ce genre d'exercice. Cette lettre, et je vais aller droit au but, est une manière de vous rappeler que la RAM n'a pas vocation à faire ce que d'autres n'osent plus faire ouvertement. A savoir, m'empêcher de sortir du pays en retardant mon départ par des moyens détournés. Nous savons tous qu'une certaine complicité existe entre certains cadres d'une administration nébuleuse dont je ne vais pas citer le nom pour ne pas vous mettre dans une situation embarrassante, et des dizaines de fonctionnaires des douanes ou des employés des compagnies aériennes. D'autant plus que, sûrement un autre hasard, si mon vol se dirigeait vers Barcelone, ma destination finale était Bruxelles où demain je dois prendre la parole devant une commission des droits de l'homme du Parlement européen. Je vous appelle donc à rappeler à vos employés de ne pas servir de misérable et honteux bras séculaire à certaines officines, et de me traiter à l'avenir comme un passager soumis certes à des obligations mais qui a manifestement des droits. En somme, un client comme tous les autres qui ne doit souffrir d'aucune rétorsion téléguidée et ne doit faire l'objet d'aucune illégalité de la part de votre compagnie. Chacun doit rester dans son rôle, cher et apprécié Monsieur Driss Benhima. J'ai déjà eu dans le passé des incidents de ce genre dans différents aéroports du pays, mais jusqu'à présent, je n'ai jamais fait l'objet d'une lâche et minable opération de police par des gens qui ne sont même pas policiers. Et si ma version des faits, Monsieur le Président, ne vous convainc pas, consultez les caméras de sécurité. Elles ont tout enregistré. Ali Lmrabet ».
