Les nouvelles dispositions adoptées lors du dernier Conseil de gouvernement relatives aux grèves illimitées sont mises en exécution, notamment les ponctions sur salaire pour tous les grévistes, à savoir les praticiens spécialistes de santé publique. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a décidé de déposer, hier, une plainte contre le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) pour l'appel à la grève illimitée déclenchée depuis le 18 octobre et pour un vice de procédure en matière d'appel à la grève. Certaines sources relèvent que les gestionnaires se trouvent aujourd'hui dans la situation la plus embarrassante en mettant à exécution la circulaire d'octobre 2004 stipulant que les journées de grève sont non payées. « Nous reconnaissons que les revendications des grévistes sont légitimes. Nous nous retrouvons face à une situation très complexe. Il nous est difficile de mettre cette circulaire en application sachant que les dépenses en ce mois précis sont importantes. Mais nous sommes dans l'obligation d'exécuter », dira un gestionnaire. Pour le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, la mise à exécution des dispositions ne diminuera en rien la détermination des spécialistes à poursuivre le mouvement de grève. « Nous sommes indignés et scandalisés par les décisions du gouvernement », a déclaré le Dr Yousfi lors d'un point de presse organisé, hier, au siège du syndicat. Il a annoncé que le sit-in prévu aujourd'hui au niveau de l'hôpital de Bab El Oued est maintenu. En réponse aux déclarations de Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Dr Yousfi a rappelé que c'est ce même ministre qui a été mandaté par le gouvernement en 2002 pour trouver une solution au conflit. « A l'issue de cette décision, une commission mixte chargée du suivi dudossier a été installée et présidée par Tayeb Louh. Celle-ci s'est réunie à huit reprises, en vain. Elle était censée veiller à l'application des accords signés avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. On peut dire alors que Louh est responsable du pourrissement de la situation. Il vient aujourd'hui assimiler notre mouvement de grève au soulèvement du FIS , parti dissous. Ce sont de graves accusations à l'encontre d'une élite qui a beaucoup donné à ce pays », a-t-il déploré. Un appel est lancé au président de la République afin d'intervenir auprès de son gouvernement qui « n' a pas respecté ses engagements et qui vient remettre en cause les accords signés en bonne et due forme entre les deux parties concernées », a déclaré le Dr Yousfi. Par ailleurs, il a signalé que plusieurs syndicats du secteur et autres ont exprimé leur soutien au syndicat. Pour le Dr Besbas, membre du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) que nous avons pu contacter, la décision d'ester en justice le SNPSSP est un procédé illégal, et ce, pour plusieurs raisons. Il a estimé que les dispositions réglementaires pour le déclenchement de la grève ont été respectées et que le droit à la grève est constitutionnellement acquis. D'après lui, la loi 90-14 relative au droit de grève ne limite pas dans le temps le mouvement de grève. Comme il a relevé que la gestion de la grève, conformément à la même loi, qui en fait une cogestion (administration et syndicat), n'a pas été menée dans ce sens par le ministère de la Santé. Il a signalé qu'aucune réunion n'a été organisée pour décider du service minimum, aucune cellule de crise conjointe n'a été installée pour gérer cette grève. « Mieux encore, on menace les syndicalistes de licenciement pour abandon de poste, alors que conformément aux dispositions de la présente loi, la grève se fait, jusqu'à preuve du contraire, sur les lieux du travail. En principe, ce sont les syndicats qui doivent ester en justice le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière pour engagements non tenus conformément à la loi 90-02 », a suggéré Dr Besbas. Au ministère de la Santé, on estime que ces mesures dictées par le gouvernement sont loin de constituer une remise en cause du droit de grève. Elles représentent uniquement un garde-fou pour préserver la santé des citoyens et veiller à ce que la grève ne soit pas dévoyée. « On espère que ce syndicat reviendra à la sagesse et à la raison, car la revendication ne passe pas par l'abandon du malade », dira le directeur de la communication Slim Belkessam. Yousfi chez le juge Mohamed Yousfi, président du syndicat SNPSSP, a été convoqué hier soir, à 20 h, par le juge d'instruction près le tribunal d'Hussein Dey. Cette convocation nocturne intervient après la décision des autorités de recourir à la justice contre les grévistes de la santé publique.