Se défendant de porter atteinte au droit de grève, le ministère de la Santé justifie sa décision par un “vice de procédure” qui a entaché l'appel à la grève illimitée. Le ministère de la Santé a déposé plainte, hier, contre le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). Le chargé de la communication du ministère, M. Slim Belkessam, nous a confirmé cette information. “Le ministère de la Santé a décidé, eu égard aux prérogatives que lui confère la réglementation, de déposer plainte contre le Syndicat national des spécialistes de la santé publique”, a-t-il indiqué. Il énumérera deux raisons ayant motivé la prise de cette décision qu'il qualifie de “majeures” : “La première est l'appel à la grève illimitée et la deuxième est le vice de procédure qui a entaché cet appel.” C'est donc le caractère illimité de la grève qui a motivé le recours au dépôt de plainte par le département de Mourad Redjimi. D'ailleurs, M. Belkessam le reconnaît en expliquant que “nous ne pouvons pas déposer plainte pour une grève limitée dans le temps qui prendrait une semaine à dix jours, car c'est un droit constitutionnel”, avant de souligner que “toucher à ce droit reviendrait à toucher à une liberté”. S'agissant de la grève illimitée, il notera qu'“il n'existe pas de fondement juridique en Algérie qui permet le recours à une grève illimitée”, précisant que “les dispositifs législatifs actuels ne permettent pas de rester les bras croisés devant une situation de grève qui perdure, porte atteinte à la vie des citoyens et la met en danger et qui perturbe le fonctionnement des hôpitaux”. Sollicité dans le même temps pour de plus amples précisions sur le vice de procédure dont il parle en évoquant la deuxième raison, le responsable de la communication au ministère de la Santé n'a voulu souffler mot à ce sujet. “On préfère qu'ils devinent”, s'est-il contenté de déclarer. Il faut dire que cette décision du département de M. Mourad Redjimi intervient trois jours à peine après le Conseil de gouvernement qui a mandaté le ministre à l'effet de sévir contre les syndicats grévistes de la santé : “Le Conseil de gouvernement a mandaté le ministre de la Santé pour veiller au respect de la circulaire relative au non-paiement des journées de grève, et déposer plainte auprès des tribunaux contre les syndicats qui entravent le service public de la santé, notamment par le recours à la grève illimitée. Le ministre peut aussi engager les procédures légales de licenciement des personnels en grève illimitée qui sont considérés en abandon de poste”, selon le communiqué du Conseil de gouvernement. En mettant à exécution ses menaces en commençant par le dépôt de plainte, il n'est pas, en effet, écarté que le gouvernement recoure à des mesures beaucoup plus musclées comme le licenciement ou les retenues sur salaire. En tout état de cause, le président du Snpssp, le Dr Yousfi, est resté serein et n'a pas voulu réagir au dépôt de plainte. Contacté hier par téléphone alors qu'il était en réunion avec le Conseil de défense des libertés syndicales présidé par Tahar Besbès, le président de Snpssp a expliqué : “Nous sommes dans un mouvement légal, et on a pris nos responsabilités. Si le ministre décide d'intenter une quelconque action contre nous, nous devrons d'abord recevoir une notification de cette décision avant de réagir”. N. M.