Les produits made in Algeria occupent aujourd'hui une bonne place sur le marché mauritanien. Des entreprises algériennes, qui font dans l'agroalimentaire, arrivent à exporter des quantités non négligeables vers ce pays frontalier. Cela n'était peut-être pas imaginable, il y a cinq ans. Mais grâce à l'initiative d'un ressortissant algérien qui a réussi à monter une société d'importation de droit mauritanien, le produit algérien a acquis une bonne réputation chez les Mauritaniens. L'auteur de cette initiative s'appelle Hocine Chaoui, un ancien fonctionnaire âgé de 44 ans. Originaire de Annaba, M.Chaoui, enthousiaste et dynamique, a travaillé de 2001 à 2004 à l'ambassade d'Algérie à Nouakchott. Il nous explique que pendant cette période, il n'y avait aucun produit algérien dans les magasins mauritaniens. Les Marocains, par contre, inondent le marché avec leurs produits agricoles et agroalimentaires. Les Tunisiens aussi sont présents avec pas moins de 200 entreprises qui activent dans divers secteurs. " Ainsi, je me suis dit pourquoi ne pas faire entrer les produits algériens dans ce pays", raconte-t-il. M. Chaoui a ainsi commencé son activité à la fin de 2004 après avoir obtenu son registre de commerce en une journée. " Au départ, c'était difficile. J'ai fait donc fait du porte-à-porte. Petit à petit, les Mauritaniens découvraient nos produits à la fois de bonne qualité et moins chers que les autres", souligne-t-il. Maintenant, le produit algérien est " très prisé ". Hocine Chaoui affirme n'avoir, aujourd'hui, aucune difficulté à écouler sa marchandise. Il ambitionne de faire entrer sur le marché mauritanien la brique rouge pour la construction. " La première cargaison sera destinée pour une entreprise de construction qatarie qui a des chantiers à Nouakchott", précise-t-il. Pour lui, c'est une manière de contribuer à faire entrer de la devise pour l'Algérie et aider la production nationale à se développer. Au bout de trois ans d'exercice, M.Chaoui a pu étendre sa présence sur les principales régions mauritaniennes. " En plus de la capitale, note-t-il, j'ai des dépôts à Attar (frontières avec l'Algérie), à Rosso près de la frontière avec le Sénégal, à Naïma près du Mali et à Nouadhibou, la deuxième ville économique ". M.Chaoui travaille régulièrement avec une cinquantaine de grossistes. Avec ses moyens qui restent limités, il ambitionne d'investir à l'avenir le marché sénégalais qu'il dit " très porteur ". Pour lui, rien n'est impossible. "Comme j'ai réussi en Mauritanie, je le ferai au Sénégal", lâche-t-il avec enthousiasme. Mais face à ses ambitions, il y a la réalité des relations économiques algéro- mauritaniennes qui n'arrivent pas à décoller. Des réunions des commissions mixtes, il ne sort rien de concret. Même les accords ne sont pas tout à fait appliqués sur le terrain. M.Chaoui déplore cet état de fait et espère que les autorités algériennes accordent plus d'importance à ce genre d'activité. Les échanges commerciaux entre les deux pays restent insignifiants par rapports au Maroc et à la Tunisie.