74,13% ! C'est le taux de participation enregistré hier, à 13 h seulement, lors des élections générales (présidentielle et législatives) en Tunisie. Un chiffre officiel qui renseigne sur ce que vont être les scores finaux. Lors de l'élection présidentielle de 1999, M. Ben Ali avait obtenu 99,44% des suffrages, toujours selon les statistiques du ministère de l'Intérieur. Les opérations de vote ont commencé à 7 h 30 (heure locale) dans tous les bureaux de vote du pays et se sont terminées vers 14 h 30 en raison de Ramadhan. Plus de 4,6 millions d'électeurs y étaient attendus. Les résultats, qui reconduiront sans surprise aucune le président Zine El Abidine Ben Ali pour un quatrième mandat, devaient être annoncés tard dans la nuit. « Les 74,13% de taux de participation m'ont paru extrêmement bizarre. Les gens ne se sont pas bousculés devant les bureaux de vote. Je ne sais pas comment on a pu l'atteindre », indique le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), Mokhtar Trifi, précisant qu'il est très difficile de contrôler plus de 12 900 bureaux de vote. « On ne peut pas mettre des observateurs dans tous les bureaux de vote bien que l'observatrice algérienne, Mme Benhabylès, ait exprimé sa satisfaction quant au déroulement du scrutin », poursuit M. Trifi. Le président de la LTDH souligne que la fraude pendant les opérations de vote n'est pas punie par la loi électorale tunisienne. M. Ben Ali est en « course » avec trois autres candidats : Mohamed Bouchiha du Parti de l'unité populaire (PUP), Mounir El Béji du Parti social libéral (PSL) et Mohamed-Ali Halouani du parti Ettadjdid. Si les deux premiers sont réputés être des candidats de l'opposition de « décor », le troisième a voulu faire de sa participation une tribune pour dénoncer le pluralisme de façade en Tunisie. Résultat : son manifeste de campagne, critique à l'égard du pouvoir, s'est retrouvé bloqué dans les imprimeries. Selon M. Trifi, les conditions pour une consultation libre, liberté d'association, de circulation, d'expression, sont inexistantes. La veille des élections, le deuxième congrès du Rassemblement pour une alternative internationale de développement (Raid-Attac, Tunisie) a été interdit par la police. Le local du Forum démocratique pour le travail et les libertés, où il devait se tenir, a été assiégé par la police. Le président de Raid-Attac Tunisie, Fathi Chamkhi, ainsi que son secrétaire général, Mokhtar Ben Hafsa, ont été molestés, affirment des témoins. S'agissant des législatives, le nombre de sièges à pourvoir pour la Chambre des députés s'élève à 189. Plusieurs partis sont en lice pour ces élections, il s'agit, en plus des trois précités, du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président Ben Ali, assuré d'être reconduit au pouvoir, du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) et de l'Union démocratique unioniste (UDU). Sept listes indépendantes s'y sont également présentées. Le Parti démocratique progressiste (PDP), dirigé par Ahmed-Néjib Chebbi, a pour sa part retiré ses listes, car refusant de jouer un rôle de « faux témoin dans une élection mascarade ».