Le commerce de la « bouffe » est en train de gagner nos espaces publics. Des locaux invitant les gens à faire ripaille s'ouvrent chaque jour que Dieu fait, à travers les artères de la capitale. Les Mac Doudou, Mac Nounou et Mac quoi encore sont en vogue, bousculant les rôtisseries, les Quatre-saisons et autres échoppes de m'hadjeb qui, eux aussi, n'ont pas tardé à avoir la cote. Le menu est, tôt le matin, souligné en grosses et grossières lettres sur un écriteau par des « cordons-bleus » qui, le plus souvent, tordent le coup au B.A.Ba. de la restauration collective. Ils sont plutôt regardants sur l'escarcelle du jour. Alignés en enfilade, ces fast-foods ne semblent plus provoquer la rivalité d'intérêts. La concurrence déloyale n'est plus de mise. Tout le monde travaille et c'est tant mieux ! Même certains magasins de chaussures et d'habillement ont flairé le bon filon. Ils se mettent à l'heure des agapes et de l'avale-tout. Un sésame qui leur ouvre grandes les portes de la réussite financière qu'ils réalisent en un temps record. Et c'est tant mieux ! Cela résorbe le chômage… Les boutiques d'alimentation générale aménagées en supérettes se mettent de la partie. Une aubaine aussi pour ceux qui disposent d'un logement au rez-de-chaussée ou rez-de-jardin. Certains d'entre eux ne trouvent aucune peine à réduire leur surface d'habitation pour s'offrir un espace de ‘'bouffetance''. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Entre une pizzeria et un local de chawarma, que le cuistot prépare à l'air libre, un autre « kechk » de la mangeaille booste la corporation. Une virée le long de l'avenue Boubella (ex-la Marne à Bab El Oued) nous édifie sur le commerce de franche lippée. Mais contre toute attente, une librairie vient d'ouvrir, il y a quelque temps, ses portes dans les parages du marché Nelson. Je n'en crois pas mes yeux !! Cet établissement de l'Enag, dont le beau décorum se veut attrayant, semble faire un clin d'œil aux commerçants alentour. « Il a dû se tromper de porte », me lance sur un ton ironique, mon ami Kamel. Baissera-t-il rideau ou continuera-t-il à braver cette activité « pandémique » de la panse ?