La situation économique algérienne en 2004 est assez favorable. » Tel est le constat de la délégation d'experts du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné en Algérie du 6 au 24 octobre. Selon le chef de cette délégation, M. Erik de Vrijer, qui a animé une conférence de presse hier, l'Algérie est sur la bonne voie pour arriver à « ramener le niveau des dépenses à un niveau soutenable ». Pour étayer ses dires, le conférencier a eu recours au langage des chiffres. Ainsi, le taux de croissance économique estimé à environ 5,5% reste appréciable même s'il est un peu plus bas qu'en 2003 où la production agricole était très bonne contrairement à l'exercice en cours. Les experts du FMI sont sur la même longueur d'onde avec le gouvernement algérien, qui considère que l'inflation est maîtrisée et ne devrait pas dépasser d'ici à la fin de l'année les 4%. « Le rythme de la croissance a augmenté, ce qui a entraîné une baisse appréciable du chômage qui était de 24% en 2003, selon l'Office national des statistiques, et devrait baisser encore en 2004 », souligne également M. Erik de Vrijer. Pour lui, le budget pour 2005, qui inclut une partie de l'enveloppe consacrée au programme pour la consolidation de la croissance économique 2005-2009, « mérite des félicitations et est en bonne route, car il soutient l'économie et évite de dépenser trop. Avec de telles orientations en cas de chute brutale des cours du pétrole, il n'y aura pas de difficultés financières immédiatement, car les dépenses publiques seront stables sur une longue période ». En d'autres termes, même en cas de chute brutale des cours du pétrole, les finances de l'Algérie maintiendront le cap. Le remboursement de la dette par anticipation est, selon l'orateur, un autre signe de l'amélioration de la santé financière de l'Algérie. Dans un tel contexte, si l'Algérie veut avoir des crédits à l'extérieur, les taux d'intérêt seront plus bas, estime l'expert du FMI, qui précise au passage : « Maintenant l'Algérie n'a plus besoin des finances du FMI. » Cette institution internationale estime néanmoins que les réformes structurelles et institutionnelles doivent être accélérées afin que le taux de croissance soit plus élevé. Pour le FMI, il est urgent de procéder à la réforme du secteur bancaire. M. de Vrijer a rappelé que les banques publiques traversent « une situation très difficile, car beaucoup de crédits non performants ont été accordés aux entreprises publiques déficitaires ». « Les banques publiques n'ont pas pu de ce fait évaluer la demande en crédits et ne savent pas comment accorder des crédits uniquement à des projets d'investissement rentables », fait-il remarquer. Pour y remédier, le FMI préconise la privatisation ou la recherche de partenaires pour quelques banques publiques. Selon M. de Vrijer, « il faut moderniser et développer le secteur bancaire pour favoriser l'investissement privé ». Invité à s'exprimer sur l'instruction faite aux entreprises et organismes du secteur public de ne faire des dépôts qu'au niveau des banques publiques, le représentant du FMI a souligné de prime abord : « Il n'y a aucune raison de penser qu'une banque privée fonctionne mieux qu'une banque publique. Le programme de réformes du gouvernement va dans le sens du développement du secteur privé. » Et d'ajouter : « Les directives du gouvernement qui ordonnent aux organismes et entreprises seraient mieux si elles demandaient de déposer dans des banques saines, qu'elles soient privées ou publiques. » Pour le FMI, le gouvernement devrait œuvrer davantage pour la promotion de l'investissement privé plutôt que public. « L'élément-clé, c'est l'investissement privé, car l'expérience a démontré que l'investissement public dans le secteur productif ne donne pas de bons résultats. Beaucoup d'entreprises publiques sont en difficulté, car elles n'ont pas été modernisées », a expliqué M. de Vrijer. Ce dernier a indiqué que les discussions avec les hauts responsables algériens ont tourné autour de la gestion des ressources des hydrocarbures pour trouver une manière d'échapper aux effets néfastes de la volatilité des prix du pétrole dont dépend l'économie algérienne. D'autant plus que le gouvernement va perdre beaucoup de recettes fiscales en raison de la réduction des droits de douane d'ici à 2009. D'où cette recommandation du FMI de réduire les exonérations fiscales et de renforcer l'administration fiscale pour atténuer l'impact du démantèlement tarifaire.