Ne pas se précipiter à augmenter les salaires, accélérer la privatisation des banques, assurer la convertibilité courante du dinar, revoir la gestion du Fonds de régulation des recettes (FRR), ne pas imposer trop de contraintes au rachat des 1200 entreprises privatisables et réfléchir à la réduction des charges patronales : telles sont en substance les principales recommandations émises par la mission du Fonds monétaire international (FMI) à l'égard de la situation actuelle de l'économie algérienne. Dirigée par Erik De Vrijer, la mission du FMI, qui a séjourné à Alger depuis le 1er octobre courant, a ainsi signifié, à l'occasion d'une conférence de presse tenue hier à l'hôtel El Aurassi à Alger, qu'il est important que soit intégrée à travers le programme économique du gouvernement « l'adoption d'une politique salariale qui vise à préserver la compétitivité des entreprises ». Sans aller jusqu'à déconseiller de façon catégorique toute amélioration du niveau des salaires, M. De Vrijer précisera qu'il faut nécessairement favoriser « une politique salariale qui préserve la compétitivité des entreprises ». « Il est clair, a-t-il noté, qu'avec une croissance positive, il y a possibilité d'augmenter les salaires ; mais si on les augmente au-delà des limites supportables pour les entreprises, ceci induira un retour à l'inflation et un impact négatif sur les performances de l'économie dans son ensemble. » Et d'expliquer en définitive : « Nous pensons qu'il faut lier toute augmentation des salaires au taux de croissance hors hydrocarbures. » Dans cet ordre d'idées, le chef de la mission du FMI a estimé qu'il serait « opportun d'entamer une réflexion sur la rationalisation de la fiscalité en éliminant les exonérations et en réduisant davantage les charges patronales afin d'encourager les investissements et l'emploi durable dans le secteur formel ». Sur la question des exonérations, M. De Vrijer se contentera de souligner qu'en économie de marché « ce n'est pas à l'Etat qu'il revient de choisir quels projets sont rentables, mais aux entreprises et aux investisseurs eux- mêmes ». Abordant la conjoncture économique actuelle, il indiquera qu'avec « un taux de croissance réel devant demeurer aux environs de 5%, une inflation qui reste maîtrisée et un taux de chômage qui devrait continuer sa tendance baissière, les développements économiques en Algérie s'annoncent favorables en 2005 ». « La hausse des prix du pétrole sur les marchés internationaux, a-t-il par ailleurs noté, a davantage renforcé la position de l'Algérie vis-à-vis du reste du monde. » Il ajoutera à cet égard que « les perspectives pour l'économie algérienne restent favorables car, selon les projections du FMI, les prix des hydrocarbures resteront assez élevés à moyen terme ». Ceci étant, la mission du Fonds monétaire international n'a pas manqué d'émettre certaines réserves quant à l'actuelle gestion de la manne pétrolière à travers le FRR. Il est recommandé à cet égard de transformer ce dernier en « un fonds d'épargne de l'Etat », tout en adoptant une politique budgétaire à long terme, « en définissant de manière rationnelle le prix de référence du pétrole pour l'élaboration de chaque budget annuel ». Selon M. De Vrijer, ceci permettrait d'avantager le financement des réformes prioritaires, plutôt que de continuer à combler à chaque fois des déficits budgétaires conséquents. Evoquant le plan de soutien à la croissance (2005-2009), le représentant du FMI soutiendra que ce programme devrait passer par « une exécution plus graduelle » des nouveaux projets inscrits dans le projet de loi de finances 2006, et ce, afin de leur assurer une meilleure maturation, tout évitant de compromettre la qualité des dépenses envisagée et en limiter leur impact sur l'inflation. Aussi a-t-il recommandé que soient éliminées les contraintes au rachat des entreprises publiques, y compris celles ayant trait à l'emploi, ainsi qu'une accélération de la privatisation des banques, comme seul moyen de stopper le flux de créances non performantes qui, selon lui, ont atteint, pendant plusieurs années, un niveau de 4% du PIB. S'agissant enfin de la politique de change, la mission du FMI a suggéré d'« assurer une liberté totale de la convertibilité courante du dinar » afin de « maximiser les bénéfices et de minimiser les coûts inévitables » de l'Accord d'association avec l'Union européenne.