Une exécution plus graduelle des nouveaux projets d'investissement inscrits dans la loi de finances pour 2006 et l'adoption d'une politique salariale visant à préserver la compétitivité des entreprises sont entre autres les recommandations du Fonds monétaire international. Le développement économique de l'Algérie en 2005 s'annonce favorable. C'est la conclusion de la mission du Fonds monétaire international qui a séjourné en Algérie, depuis le 1er octobre pour conduire les discussions annuelles au titre de l'article IV des statuts du FMI. Cette revue aboutira à l'élaboration d'un rapport qui sera discuté au conseil d'administration du fonds. Lors d'une conférence de presse organisée, hier, à l'hôtel El-Aurassi, Erik de Vrijer, chef de la mission, affirme que “le taux de croissance de l'économie demeurerait aux environs de 5%, tiré par les hydrocarbures, mais aussi par le BTP et les services. L'inflation restera maîtrisée et le taux de chômage devrait poursuivre sa tendance à la baisse”. M. Erik de Vrijer estime, en parlant de projection, que les prix du pétrole sur le marché international resteront élevés. Ce qui renforcera davantage la position financière extérieur “déjà très forte” de l'Algérie. Le chef de la mission du FMI souligne dans son intervention, la discipline budgétaire et la politique monétaire prudente menées par l'Algérie. Il met en exergue les réformes structurelles, “importantes”, mise en œuvre en 2005. Il cite, notamment, l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne, la modernisation du cadre réglementaire régissant le secteur des hydrocarbures et la loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption. En évoquant la loi sur les hydrocarbures, M. Erik de Vrijer est convaincu que le texte permettra d'attirer d'avantage d'investissement dans ce secteur. “Ces développements favorables et les perspectives encourageantes pour les exportations d'hydrocarbures à moyen terme constituent une excellente opportunité pour accélérer le rythme de développement économique et social de l'Algérie et réduire le taux de chômage qui demeure élevé”, explique le chef de la mission du FMI. En d'autres termes, le FMI estime que les réformes ne sont pas menées au rythme voulu. Du point de vue du chef de la mission du FMI, les ressources en hydrocarbures supplémentaires générées par la hausse des prix du pétrole augmentent la marge de manœuvre des autorités “pour moderniser l'infrastructure, renforcer le capital humain et institutionnel, et mettre les réformes prioritaires afin de soutenir le développement du secteur privé et la création d'emplois productifs”. L'ouverture progressive de l'économie algérienne, précise M. Erik de Vrijer, “rend impératif l'accélération de ces réformes tout en renforçant le dispositif de protection sociale pour atténuer leur coût social”. Le chef de la mission du FMI reconnaît que le programme économique du gouvernement vise ces objectifs. “Il table sur deux axes principaux, l'augmentation des investissements publics dans les secteurs-clés comme l'infrastructure, l'habitat, l'éducation et la santé, ainsi que l'achèvement de la transition vers une économie du marché structurelle”, relève M. Erik de Vrijer. Seulement le chef de la mission du FMI recommande la prudence dans la mise en œuvre du plan de consolidation de la croissance. Il recommande une exécution plus graduelle des nouveaux projets d'investissement inscrits dans la loi de finances pour 2006 afin de ne pas compromettre la qualité des dépenses et de limiter l'impact sur l'inflation. “Il ne faut aller trop vite dans l'exécution du plan. Sinon l'Algérie risque de se heurter aux problèmes de capacité d'absorption. Du coup, le pays pourrait dépenser plus d'argent qu'il n'en faut”, suggère-t-il. En d'autres termes, la mission du FMI met en garde contre le gaspillage. M. Erik de Vrijer suggère, également, l'utilisation d'une partie de l'espace budgétaire pour appuyer l'accélération des réformes. Le chef de la mission du FMI, bien qu'il juge compréhensible le souhait des travailleurs de voir leur salaire augmenter, recommande toutefois la prudence. “Il faut limiter les hausses des salaires à un niveau supportable pour l'économie”, dit-il. Il suggère l'adoption d'une politique salariale visant à préserver la compétitivité des entreprises face à la concurrence extérieure. M. Erik de Vrijer souligne que les augmentations des salaires doivent être liées au taux de croissance hors hydrocarbures. La mission du FMI estime par ailleurs “qu'il est opportun d'entamer une réflexion sur la rationalisation de la fiscalité en éliminant les exonérations et de réduire davantage les charges patronales pour encourager les investissements et créer dans le secteur formel”. Sur le plan bancaire, M. Erik de Vrijer plaide pour le renforcement du contrôle de la banque d'Algérie sur les liquidités du système bancaire et le retour à un taux d'intérêt directeur positif en terme réels. “afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les coûts inévitables de l'accord d'association avec l'Union européenne, il est nécessaire de mettre en œuvre sans délai la réforme bancaire et d'assurer la convertibilité courante du dinar”, souligne le chef de la mission du FMI. En matière de réforme bancaire, les priorités relevées par la mission, sont la privatisation des banques publiques ciblées à des banques de réputation avérée, ainsi que l'intensification des efforts visant l'assainissement de la relation financière entre les banques et les entreprises publiques. Selon M. Erik de Vrijer, le coût des différents assainissements bancaires est estimé à 4% du PIB par an. Le poids des créances non performantes dans le portefeuille des banques reste très lourd, et elles concernent même le secteur privé. Meziane Rabhi