Après une pénurie à l'origine de la flambée des prix enregistrée ces derniers mois, le prix de la pomme de terre a graduellement baissé pour atteindre ces dernières semaines des niveaux très acceptables pour les ménages. Aujourd'hui, même si les tarifs en cours varient d'un marché à l'autre, la fourchette se situe entre 30 et 35 DA le kilogramme. Toutefois, pour acquérir ce précieux légume au meilleur rapport qualité/prix, mieux vaut se déplacer aux marchés périphériques du Vieux Rocher où des marchands ambulants cassent les prix en proposant le kilo à 25 DA, voire moins dans les dernières heures de la journée. Mais pour autant, cette embellie salvatrice va-t-elle durer ? Pas évident, vous répondront les spécialistes du secteur, en raison des perturbations enregistrées en matière d'approvisionnement des semences de pomme de terre. A ce sujet, les besoins annuels sont estimés au niveau national à 240 000 t, dont 50% sont assurés par la semence d'importation et dont le prix du quintal a atteint durant cette campagne les 19 000 DA, alors qu'elles (les semences) étaient quelques mois plus tôt écoulées à 7 000 DA. Un phénomène qui s'explique, d'après plusieurs avis autorisés, par la faiblesse de l'offre sur le marché mondial et une production nationale loin de satisfaire aux besoins de la filière. De cause à effet, de nombreux agriculteurs se sont abstenus de planter des parcelles de pomme de terre, préférant se tourner vers des créneaux moins hasardeux. « Face à cela, nous explique Abderahmane Bentriha, directeur de l'antenne régionale est du Centre national de contrôle et de certification des semences(CNCC). « Les pouvoirs publics ont pris des mesures incitatives visant à redynamiser la filière de production de semences de pomme de terre, notamment en accordant, selon leurs catégories, une prime de multiplication des semences allant de 4 à 20 DA ainsi qu'une prime de stockage fixée à 0,75 DA par kilo et par mois, à condition qu'elles soient stockées pour une durée maximale de 6 mois. La seule contrainte à laquelle doivent se plier les agriculteurs pour espérer bénéficier de ce soutien est de se conformer aux textes règlementaires régissant le secteur de la production des semences. » Mais en parallèle, et dans la perspective d'assurer la traçabilité des plants produits, l'accent est mis sur la nécessité de mettre en place un dispositif de contrôle suffisamment serré pour bien baliser les circuits informels de commercialisation de ces plants, et éviter ainsi la disponibilité d'une semence dont la qualité est le plus souvent sujette à caution. Un point de vue très largement partagé par les différents partenaires de la filière pomme terre, convaincus par ailleurs de l'impérieux besoin de renforcer l'arsenal répressif, seule alternative pour réprimer dans le cadre de la loi tous ceux qui se lancent dans ce créneau sans un agrément en bonne et due forme délivré par le ministère de tutelle. Pour avoir une meilleure idée de l'importance de cette filière, le directeur de l'antenne régionale est du CNCC tient à rappeler que la culture de la pomme de terre se classe en tête des cultures maraîchères avec près de 800 ha cultivés à l'échelle de l'est du pays, où la wilaya de Skikda réunit à elle seule 50% des établissements producteurs de semences de pomme de terre, suivie de celle d'El Tarf créditée de 17% du programme régional. Un taux représentant, selon une estimation officielle, 10% du programme national qui s'étend, bon an mal an sur une superficie de 7 000 à 8 000 ha ; le tout génère, d'après une source fiable, un marché potentiel estimé à 9 milliards de dinars.