L'histoire qui suit n'est ni le fruit d'une imagination ni un scénario d'un film hollywoodien puisque tout est basé sur des comptes rendus officiels israéliens. Selon ces sources, tout s'est passé un jour de mars 2002, le 3 très précisément. Le lieu : Oued El Haramiya, une région isolée, dans la campagne de Cisjordanie occupée, près de Selouad, un village palestinien de la région de Ramallah. A cet endroit, Tsahal, le nom attribué à la superarmée israélienne, avait mis en place un barrage militaire semblable à des centaines d'autres, qui n'ont d'autre fonction que la répression et l'humiliation des citoyens palestiniens. Des équipes de 6 soldats israéliens surarmés, munis de tous les moyens logistiques montent la garde H24. De la routine, même pour les Palestiniens, sauf que ce jour-là le groupe qui était présent juste après le lever du soleil, vers 6h, n'imaginait pas le sort qui l'attendait. Thaer Hamed, celui qui allait devenir un héros, un Palestinien de 22 ans a l'époque, originaire de Selouad, y avait trouvé en 1998, un vieux fusil anglais et près de 300 cartouches, sans doute, dissimulé par son propriétaire, lors de l'occupation du village par Israël en 1967. Comme c'est une région montagneuse, peu fréquentée, Thaer avait pour habitude de s'amuser en essayant de viser et d'atteindre des cibles qu'il choisissait. De jour en jour, il est devenu un tireur redoutable. N'étant affilié à aucun mouvement palestinien armé, il avait décidé, un jour, de mener seul une attaque contre un rassemblement de l'armée israélienne. Le barrage militaire de Oued El Haramiya, une région qu'il connaît très bien, lui semblait la cible adéquate. Le jour J, c'est-à-dire celui qu'il avait lui-même choisi ainsi que l'heure, soit vers 4h30, muni de son vieux fusil, il a pris le chemin du barrage en question. Arrivé à bonne distance, il s'est embusqué derrière un rocher qui surplombait sa cible. Patiemment, il a attendu le lever du jour. Vers 6h, la visibilité était suffisante pour qu'il puisse distinguer les 6 soldats présents au niveau du barrage. En quelques secondes, il a réussi à les tuer, sans leur laisser le temps de distinguer l'origine des tirs. Soudain un silence total a enveloppé l'endroit. Thaer ne s'est pas retiré. Il est resté embusqué derrière son rocher. 5 minutes ne s'étaient pas écoulées qu'une jeep militaire est arrivée en renfort. Les 3 soldats à son bord sont descendus, un de chaque côté et le troisième par la portière arrière. Leur sort ne fut pas meilleur que celui de leurs compagnons. Thaer est parvenu à les éliminer l'un après l'autre. Quelques minutes après, arrivait une voiture civile, avec 3 colons à son bord. Le jeune homme, toujours embusqué a réussi a en tuer un. Les deux autres ont pu se cacher derrière les gros blocs de béton, servant de remparts au niveau du barrage. Puis une autre voiture d'où est descendu un colon armé d'un pistolet. Thaer a réussi à le tuer facilement. Et encore une autre, mais le conducteur n'est pas descendu. Celui-ci a été gravement blessé. Un dernier véhicule est arrivé, avec un colon armé d'un fusil mitrailleur M 16. Même retranché derrière l'un des blocs de bétons, il a été gravement atteint. En dernier lieu, un autre groupe de soldats était sur place. Le jeune homme qui n'a pas quitté sa place a commencé à tirer dans leur direction. Mais, le vieux fusil l'a trahi. Il a explosé. C'est ainsi que Thaer a décidé de quitter discrètement sa cache et de reprendre le chemin du village. Arrivé à la maison, il se met dans son lit. A cet instant, il n'avait qu'une envie, dormir. Le bilan de l'attaque était lourd. 11 Israéliens dont 9 soldats et 2 colons ont été tués. 6 autres ont été gravement blessés. Alors que dans 2 cas, les blessures étaient moyennes. Cette attaque fulgurante a duré 20 mn. Thaer a tiré 30 balles. Cette opération a constitué une véritable énigme pour l'armée et les différents services de sécurité israéliens. Lorsque les restes du vieux fusil ont été découverts par les Israéliens, tout le monde a pensé que l'auteur de cette action spectaculaire était un vieux combattant expérimenté. Le 3 octobre, soit plus de deux ans et demi après, à Selouad, ils ont fini par arrêter le baroudeur de Oued El Haramiya qui a reconnu les faits. En l'espace de 20 mn, muni d'un vieux fusil et sans aucune expérience militaire précédente, Thaer a défié Tsahal et brisé un mythe.