C'est devenu un rituel : depuis 1995, la capitale enregistre le plus d'accidents de circulation sur le plan national, selon les données rendues publiques par le ministère des Transports à l'occasion de la tenue au Cercle de l'armée, à Beni Messous, d'un séminaire portant sur « La première semaine mondiale des Nations unies de la prévention routière » (23-29 avril dernier). D'après une « étude » statistique des accidents de la route pour l'année 2006, élaborée par le Centre national de prévention et sécurité routière (CNSPR) relevant du département de M. Meghlaoui, il apparaît clairement qu'Alger occupe toujours la première place du nombre d'accidents enregistrés. Elle est suivie des wilayas de Sétif et Tlemcen. L'étude indique que le nombre des accidents a atteint, durant l'année passée, au niveau national, 40 885, dont 16 662 en zone urbaine et 24 193 en zone rurale. Alger arrive ainsi en première position avec 3425 accidents et une moyenne de 9 accidents par jour. Elle est suivie de Sétif (2152 cas) et de Tlemcen (1560). S'agissant des accidents survenus en milieux urbains (ville), la capitale occupe aussi la tête du portillon avec 1710 cas, devançant Sétif qui a comptabilisé 842 accidents. Continuant dans cette lancée, la première ville du pays monopolise la première place des accidents arrivés en zone rurale (1715), concurrencée cette fois-ci par Sétif (1310) et Oran (1101). Les initiateurs, de cette étude mentionnent, par ailleurs que le nombre des blessés est de 60 120 au niveau national. Là encore, la capitale a détenu la médaille d'or avec 3631 victimes (10 par jour en moyenne), dont 1821 sont des… piétons ! La médaille d'argent est revenue à Sétif et celle de bronze à Tlemcen. Le nombre global des décès constatés durant l'année passée, indique le CNSPR, est de 4120, avec 741 en zone urbaine et 3379 en milieu rural. Une moyenne de 11 morts/ jour, précise-t-on. Alger, comme il fallait s'y attendre, vient en premier, dans les deux zones géographiques, avec 229 morts ! D'après les données de la Gendarmerie nationale, les tronçons routiers les plus dangereux sont respectivement la RN 5 Alger-Sétif-Constantine, la RN4 Boufarik-Chlef-Oran et la RN1 Alger-Djelfa-Tamanrasset. Le document du CNSPR n'explique cependant pas pourquoi c'est la capitale qui enregistre le plus d'accidents, et le plus de victimes (morts et blessés), sur tout le territoire national. Il faut préciser, en guise d'explication, qu'Alger est la destination quotidienne de milliers d'automobilistes qui arrivent des autres régions du pays. La centralisation des services fait que les déplacements sont nécessaires, par exemple, dans le cas d'hospitalisations spécifiques dans les différents centres de soins de la ville. Il est aussi fréquent de constater que les voitures accidentées ne sont pas nécessairement immatriculées « 16 ». L'autre explication envisageable est l'anarchie qui règne dans le transport en commun de voyageurs. Des chauffeurs de bus, concurrents, se permettent de rouler à vive allure avec des passagers dans une course qui tourne parfois au drame. Exemples : le télescopage entre deux bus a causé 23 blessés à Mohammadia, le 16 septembre, et une collision entre deux autres bus de transport survenu à Chevalley, le 27 août, a causé des blessures à 12 personnes... « L'inconscience des piétons » aurait fait le reste.