Les écroulements de vieilles bâtisses se suivent à un rythme soutenu, notamment au niveau des vieux quartiers de Derb ou de Tobbana, qui sont la plus ancienne mémoire encore vivace de Mostaganem. Il est vrai que le quartier populaire par excellence renfermait toute l'activité commerciale et artisanale de l'ancienne cité. Si les bâtiments publics de l'époque, comme la mosquée ou les résidences des personnalités, avaient bénéficié d'une construction en matériaux nobles, il n'en aura pas été de même pour les habitations individuelles. Construites pour la plupart à l'aide de terre glaise et de torchis qui servaient à amalgamer les pierres, ces maisons n'auront toutes survécu que grâce à un enchevêtrement de poutres en bois. C'est pourquoi, à chaque fois qu'une nouvelle maison s'écroule, les mitoyennes se retrouvent dangereusement exposées à toutes les intempéries et à toutes les attaques du temps. Après les multiples effondrements qui auront jalonné la dernière décennie, il ne se passe plus une année sans qu'un paquet de maisons ne tombe en ruine, laissant dans ce qui fut un joyau architectural et artisanal, d'immenses trous béants où viendront s'amonceler pierrailles et immondices. Le plus insupportable dans cette série, c'est que la cadence semble s'accélérer de plus en plus. Rien que depuis le début de l'hiver, ce ne sont pas moins de quatre maisons qui auront définitivement quitté avec fracas le paysage. A chaque fois que ce bruit sourd se faite entendre, c'est une insoutenable complainte qui traverse la cité pour parvenir rapidement à tous les nouveaux quartiers. S'il y a de moins en moins de victimes, c'est que les habitants auront pris le soin de vider les lieux pour aller se mettre à l'abri dans une cité de transhumance, où les conditions de survie sont des plus pénibles. Ne disposant pas de la moindre commodité, ces déracinés qui auront attendus des décennies durant une solution à leur détresse, finiront par quitter ces lieux et revenir s'entasser à 10 au mètre carré, dans une bâtisse encore valide. Car, à l'intérieur du vieux quartier, les maisons qui menacent ruine ne se comptent plus. A ce rythme, il va falloir s'attendre à un effondrement généralisé. Si jusqu'à ce jour la prévoyance des habitants aura réussi à éviter le pire, il suffira de la moindre secousse tellurique de 5 degrés sur l'échelle de Richter pour que la grande majorité des habitations s'écroule comme un château de carte. La question qui revient le plus souvent dans les discussions qui font suite aux écroulements, est de savoir pour quand est prévue la catastrophe. Car, tous ces signes avant-coureurs n'auront servi à rien. Faudra-t-il se résoudre à voir ce quartier si pittoresque disparaître à jamais ? N'y a-t-il pas un moyen de sauver ce qui reste, au lieu de continuer à tourner le dos à ces effondrements successifs ? Que font les élus et les associations pour lancer une véritable étude de réhabilitation ? Avec, semble-t-il, plus de 80 milliards de recettes, l'APC de Mostaganem serait bien avisée de lancer un concours national de réhabilitation. Les exemples à travers le monde et le bassin méditerranéen ne manquent pourtant pas. Des villes comme Florence ou Venise, en Italie, auront bénéficié non seulement de la mobilisation de fonds italiens mais également de ceux de l'ensemble de la communauté internationale. Aujourd'hui, ces joyaux urbanistiques et historiques de l'humanité sont définitivement mis à l'abri des déchaînements de la nature. Ce qui est faisable ailleurs, pourquoi ne le serait-il pas ici ?