L'honneur est presque sauf pour le Fln. Malgré une perte sèche de 63 sièges, l'ancien parti unique s'en sort victorieux en raflant, avec sa boulimie, 136 sièges au nouveau Parlement. Les résultats préliminaires des élections à l'Assemblée nationale font apparaître l'hégémonie caractérisée du vieux parti sur les institutions de la République. Les listes Fln sont en tête du peloton, loin devant les deux principaux « alliés » de l'Alliance présidentielle, le RND et le MSP. Une « victoire » sans appel certes, mais au goût bien amer et à l'avenir très incertain. Dépourvu néanmoins de la majorité absolue qui lui assurait confortablement une grande marge de manœuvre, comme c'était le cas dans l'ancienne Assemblée, le FLN se doit de composer avec les autres formations politiques présentes à l'Assemblée. Une « surprise » qui vient s'ajouter à celle du taux d'abstention enregistré. Un taux record de 35,65% qui rompt complètement avec ceux des scrutins antérieurs. Le score obtenu par le FLN ne semble pourtant pas avoir surpris son secrétaire général. Abdelaziz Belkhadem, dans son nouvel apparat des grands jours, affichait lors de sa conférence de presse de vendredi dernier des traits faussement détendus, une mine fière et surtout une pleine satisfaction, malgré la bérézina abstentionniste. « Nous avons eu 136 sièges. Nous n'étions pas loin du compte », avait-t-il lancé. Le FLN, qui tablait sur une moyenne de 140 sièges, était à quatre sièges près de ses prévisions. Pas assez pour former une majorité dans une Assemblée constituée de 389 sièges et appelée à trancher des dossiers importants tels la révision constitutionnelle. Une révision qui tient particulièrement à cœur à Belkhadem. Sans trop tarder, celui-ci fait un appel du pied aux futures formations politiques qui siégeront à l'APN. Le patron de la « première force politique du pays » se dit disposé, alors que personne ne l'y oblige, à « élargir » la composante du gouvernement aux « autres partis ». Faut-il y déceler une forme de pression, une menace qu'agite Belkhadem à l'endroit de ses partenaires et rivaux de l'Alliance présidentielle, le RND et le MSP, les « grands vainqueurs » de ces élections ? Possible. La décision d'ouvrir la composante du gouvernement à d'autres forces politiques ne peut en effet se matérialiser qu'au détriment du parti d'Ouyahia et du MSP, qui partagent avec le FLN la totalité des postes dans l'actuel gouvernement. FLN et RND comptabilisent 113 sièges en totalité, et chacun des deux partis a obtenu à « parts égales » et par un heureux hasard 14 sièges supplémentaires, comparativement à l'ancienne Assemblée. La menace que constitue pour le FLN la recomposition partielle des rapports de force au niveau de l'Assemblée nationale le poussera-t-elle pour autant jusqu'à envisager de se passer des services du RND et du MSP ? Cela paraît très peu probable. D'autant plus que les principaux chefs de l'Alliance présidentielle ont écarté bien avant la tenue des législatives l'éventualité de dissoudre l'Alliance présidentielle. Il est tout aussi improbable d'imaginer le RND ou le MSP prendre la tête d'une « mutinerie » au sein de la future Assemblée, aussi éclatée soit-elle. Du moins, tant que Bouteflika demeurera président de la République.